L'artiste Baby Volcano sort «SUPERVIVENXIA», qu’elle vernira jeudi au Romandie, à Lausanne. Juste avant ça, elle nous livre un bout de son univers dans un entretien «spécial feu». La production de Baby Volcano est à son image: inclassable et multiculturelle. La jeune femme de 28 ans mixe le français et l’espagnol comme les musiques latines et urbaines. Ajoutez à cela un univers artistique un brin perché et vous obtenez une performance de haut vol, où s’entremêle un rap électronique bien vénère – qui rappelle celui de Die Antwoord – avec des ballades indie pop douces comme du miel. Selon ses dires, son nouvel EP «nous fout le feu autant qu’il nous berce». Alors, on a joué un peu avec son élément fétiche, histoire de faire honneur à son blaze.
Entretien avec Baby Volcano : le feu de la création
Le feu sacré ou un feu de paille?
Baby Volcano, c’est plutôt le feu sacré ou un feu de paille?
«Haha, c’est le feu sacré, clairement! C’est supervivant, comme un volcan. J’aime bien cette référence parce que déjà, la lave et tout, ça nous rappelle qu’on vit sur une boule de feu, ce qui est complètement dingo. Et ensuite le volcan, c’est une figure de la nature qui me fascine par sa puissance, à la fois sonore, visuelle et en termes de température. Il fait le lien entre l’intérieur et l’extérieur de la Terre. J’y vois un parallèle avec mon travail artistique, où j’essaie d’exprimer mes émotions à travers la musique et la danse.»
Jouer avec le feu pour avancer
Est-ce que tu as joué avec le feu pour arriver là où tu en es dans ta carrière?
«Je crois que je joue un peu constamment avec le feu, dans le sens prise de risque. J’hésite rarement à faire des choses que j’ai jamais faites et j’aime pas m’installer dans une routine. Je m’ennuie assez vite. Tous les jours, je réfléchis à comment développer mon projet et à où est-ce que j’ai envie d’aller. Ensuite, c’est des paris, sans jamais aucune garantie. C’est pas toujours simple, on doit trimer financièrement et il faut des épaules solides dans l’industrie de la musique.»
Le baptême du feu
Le baptême du feu, une expression qui fait référence à quoi pour toi?
«Au vernissage de mon nouvel EP, jeudi à Lausanne. Je suis surexcitée et j’appréhende un peu, parce que ça sera la toute première date. Je vais être très émue de présenter les morceaux que j’ai composés et produits toute seule, pour la première fois. Après quatre années intenses, j’avais un immense besoin de retrouver mon cocon et de créer dans ma chambre. Mais là, on vient juste de finir la résidence live au Romandie et on est trop impatients. Faut venir, il y aura des surprises!»
Entre deux feux
Ça t’arrive parfois d’avoir l’impression d’être prise entre deux feux?
«Oui, et ça résonne complètement avec ma double origine. Ma maman vient du Guatemala et mon père est Jurassien. J’ai grandi avec ces deux cultures vraiment différentes. Rien que par la langue: l’espagnol est plus intense, le français plus direct. Je cherche ma place là au milieu, en tant qu’être humain et en tant qu’artiste. Avec ma musique, j’ai créé une sorte de folklore qui me ressemble, en mixant ces influences. Ça m’a permis de générer des imaginaires ou des références qui m’avaient manqué, surtout petite.»
La folie sur scène
On dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu... Ta folie sur scène, elle sort d’où?
«Je sais que je peux faire un peu peur des fois en étant sur scène. Je le comprends. Je ne me comporte pas comme ça constamment à la maison, mais ça fait partie de moi. Et la manière la plus safe que j’ai trouvée pour m’exprimer, c’est le cadre scénique, comme un aparté dans le quotidien. Les critiques, ma foi, ça fait partie du jeu. Monter sur scène, ça demande beaucoup de courage et ça peut être très violent parce qu’on s’expose, qu’on est vulnérable et seul face à une foule. Mais ça fait partie du deal de base et on sait à quoi s’attendre.»