Dès son élection au pontificat le 13 mars 2013, les anecdotes autour de l'amour du sport de Jorge Mario Bergoglio ont été nombreuses à sortir. Mais celles qui ont fait plusieurs fois le tour du monde tournent quasiment toutes autour de sa passion pour le Club Atlético San Lorenzo. Cette formation des quartiers ouvriers de Buenos Aires a été sacrée quinze fois au pays et le pape en est devenu fan dans sa jeunesse, après que son père y jouait au sein de l'équipe de basket du club.
Cette équipe s'appelle ainsi en hommage à Saint Laurent de Rome, aussi appelé le «patron des pauvres», mort en martyr, mais aussi en référence à la bataille de San Lorenzo, qui opposa en 1813 les forces indépendantistes aux colons espagnols. Ca ne s'invente pas. Cinq ans avant son élection, le futur chef des catholiques avait même dirigé la messe du centenaire de cette formation, lors de laquelle il avait rappelé les exploits du San Lorenzo de 1946, champion d’Argentine pour la troisième fois de son histoire. «A cette époque, je ne ratais pas un match», avait-il assuré.
Le pape et le sport, une histoire d'amour qui a duré
Un pape passionné de football
Dès qu'il avait été nommé aux plus hautes fonctions, la presse sportive avait fait ses choux gras de ce rare pape intéressé par le jeu de ballon - une religion dans son pays -, notamment. «Saint depuis le berceau», titrait alors à son propos le quotidien sportif argentin Olé, puisque l'un des surnoms de ce club est «Les Saints». «L'autre main de Dieu», rigolait dans la foulée le journal sud-américain, en référence à celle de Diego Maradona, qui avait offert la victoire à l'Argentine contre l'Angleterre (2-1), en quart de finale de la Coupe du monde 1986.
Messages aux athlètes et valorisation du sport
Le pape François a même écrit directement plusieurs fois aux sportifs. Une de ses dernières lettres, c'était à l'occasion des Jeux de Tokyo et il s'était alors lancé dans une «Lettre ouverte à un athlète olympique». Son texte, traduit en plusieurs langues, faisait cinq pages. «Quand je vous regarde, avec une certaine admiration pour ce que vous réussissez à faire, je pense que le sport, avant même de construire une personnalité, la révèle. Vous arrivez aux Olympiades, chacun avec sa propre histoire, sa propre route, ses propres rencontres...», expliquait-il avant de mettre en garde contre «le dopage ou l'arrogance, les chimères de la victoire à tout prix.»
Jorge Bergoglio a toujours été un fervent défenseur de la portée disparue «trêve olympique». En 2024, en amont des Jeux de Paris, il avait défendu son existence. En vain, comme très souvent récemment. «Lorsque je réfléchis à ce que représente la Trêve olympique, je forme l’espoir que dans cette période de l’histoire particulièrement sombre que nous traversons, le sport bâtisse des ponts, fasse tomber des barrières et favorise des relations de paix, avait-il dit. Le sport est un moyen d’exprimer ses talents, mais aussi de bâtir la société. Le sport nous enseigne la fraternité.»
Le sport comme métaphore de la vie chrétienne
Au fil des années, il a souvent utilisé la métaphore sportive pour faire passer des messages. «La discipline et la tempérance des athlètes, ainsi qu’un sain esprit de compétition, ont souvent été valorisés comme métaphores de la vie chrétienne vertueuse, détaillait-il en mai 2024, avant un colloque à Rome sur le sport et la spiritualité. Il est important que l'Église réfléchisse à l'expérience sportive, et la valorise de manière adéquate dans son action évangélisatrice.» Il en avait terminé en reprenant les propos de Jean-Paul II tenus en 2020, qui avait appelé à «agir de manière à proposer Jésus comme un véritable athlète de Dieu».