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Un garde suisse perpétue la tradition dans une église de France


Benoît Meyer, 38 ans, maintient depuis 15 ans une tradition en voie de disparition à Laning, en Moselle. Il est l'un des derniers gardes suisses bénévoles en France.

Un garde suisse perpétue la tradition dans une église de France

En habit rouge traditionnel, coiffé d’un chapeau bicorne et canne à la main, il accueille les paroissiens à la messe: Benoît Meyer, 38 ans, est l’un des derniers gardes suisses bénévoles, à Laning dans l’est de la France. Il perpétue depuis 15 ans une tradition ayant existé jusqu’au milieu du XXe siècle dans la plupart des paroisses: celle des gardes suisses dans les églises de France. Différent de la Garde suisse pontificale, qui entoure le Pape au Vatican, ce corps des gardes suisses a été placé dans les églises en 1771 pour en assurer la garde ainsi que le bon déroulement des différents offices.

Un garde suisse perpétue la tradition dans une église de France

Une tradition en voie de disparition

Encore nombreux dans les lieux de culte, du XVIIIe siècle jusqu’aux années 1950, ces gardes suisses bénévoles ne seraient plus qu’entre dix et vingt en France, la plupart n’exerçant qu'«occasionnellement», pour les grandes fêtes du christianisme, selon Benoît Meyer.

Benoît Meyer, un garde suisse dévoué

Lui se rend à l’église de Laning, village de 600 habitants non loin de la frontière allemande, tous les dimanches à la messe. Et quand sa profession de verrier le lui permet, il est aussi présent lors des cérémonies religieuses de mariages et d’enterrements.

Un rôle symbolique et pratique

En ce dimanche de Pâques, l’église de 575 places est presque pleine. Le garde suisse frappe le sol lors de l’entrée en procession. Outre sa canne à pommeau, il arbore une hallebarde, qu’il pose lors de la célébration, et porte l’épée. «Il tape quand on doit se lever», explique un paroissien, Corentin, venu faire baptiser sa fille, et pour qui cette présence apporte «un petit truc en plus». «Depuis que je suis tout petit j’ai toujours vu un Suisse ici», mais «il n’y en a plus beaucoup» en France, observe-t-il.

Une passion transmise de génération en génération

Benoît Meyer, dont une partie de la famille est originaire de Laning, assistait lui aussi enfant à certaines messes et avait ainsi découvert avec curiosité Marcel Bintz, qui a occupé 49 ans cette fonction. Il a pris sa succession un an après son décès. Pendant cette transition, «il n’y avait personne» pour assurer ce rôle, «ça faisait un vide», dit Benoît Meyer.

Une formation sur le tas

Pour reprendre le flambeau, pas de formation ni de déclaration particulière. Le garde a «appris sur le tas», en observant les gestes de son prédécesseur. De cette fonction qu’il a endossée à l’âge de 23 ans, il aime dire qu’elle «perpétue la tradition» et la partage auprès des jeunes générations. Il trouve aussi «magnifiques» la liturgie et les processions. «C’est un peu mon sacerdoce.»

Une histoire riche et ancienne

La fonction de garde suisse a «toujours existé» à Laning, souligne Benoît Meyer. Edifiée au 18e siècle, l’église a aussitôt accueilli un Suisse, qui à l’origine pouvait également «faire la police», souligne-t-il.

Les gardes suisses étaient à l’origine dévoués aux rois de France des XVe et XVIe siècles, retrace Benoît Meyer. En 1771, le roi confère par ordonnance une pension de retraite aux soldats, mais les gardes suisses sont oubliés. Ils sont alors placés dans les édifices religieux pour «veiller au bon fonctionnement, au bon déroulement des cérémonies», ce qui leur assure un revenu.

Des tenues historiques

Outre l’habit écarlate des grandes occasions, Benoît Meyer possède plusieurs tenues dans l’armoire de l’église. L’une d’elles «doit même remonter à 1914». Cette tradition, bien que rare, continue de rehausser les célébrations et de perpétuer un héritage historique et culturel.