Face à une montée alarmante du narcotrafic en France, les maires du pays se sont réunis à Paris pour exprimer leurs inquiétudes concernant la sécurité de leurs concitoyens. Les chiffres sont sans appel : environ 3000 points de deal sont répartis sur le territoire, avec une population de 240'000 personnes impliquées dans ce commerce illicite, générant un chiffre d'affaires colossal estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros.
Lors du Congrès des maires de France, la question de la drogue a été mise sur le devant de la scène, soulignant l'ampleur du problème qui touche aussi bien les zones rurales qu'urbaines. David Lisnard, président de l'Association des maires de France et maire de Cannes, a partagé son constat préoccupant sur l'évolution de cette situation dangereuse.
Les maires confrontés à l'expansion du narcotrafic
La transformation des villes sous l'influence du narcotrafic
David Lisnard a décrit la mutation de sa ville, Cannes, où des commerces tels que des kebabs, des pizzerias et récemment des barbiers, servent de façade pour le blanchiment d'argent du narcotrafic. Il rapporte une situation similaire observée lors de ses visites dans des départements ruraux, témoignant de l'omniprésence du trafic de drogue dans les centres-bourgs et de son impact sur la distribution et la production illicite.
La hausse de la criminalité et de la violence
À Morlaix, une ville de 15'000 habitants en Bretagne, le maire Jean-Paul Vermot constate une augmentation significative des activités liées au narcotrafic et des crimes violents qui en découlent, comme l'assassinat tragique d'un jeune homme. La consommation de cocaïne, MDMA et crack a entraîné une violence accrue dans les rues, contrastant avec les effets autrefois plus "tranquillisants" du haschich.
La situation alarmante des communes françaises des Caraïbes
La Martinique, représentée par José Mirande, maire du Marin, n'est pas épargnée par cette spirale criminelle. Un taux de chômage élevé aggrave le phénomène des mules, ces personnes qui transportent de la drogue, souvent à leur insu. Les chiffres de la gendarmerie française révèlent que 75% des saisies de cocaïne en 2024 ont été liées aux Antilles-Guyane, témoignant de l'intensité du trafic dans ces régions.
L'ubérisation du marché de la drogue
Le colonel de gendarmerie François Devigny a mis en lumière une nouvelle tendance préoccupante : l'ubérisation du marché de la drogue. Entre 30 et 40% des consommateurs se font désormais livrer leur cocaïne à domicile, une pratique qui étend encore davantage la portée du trafic et complique sa répression.
Les réponses des autorités face à l'ampleur du problème
Les maires, conscients que la résolution de cette crise ne peut pas se faire sans traiter la question de la santé publique, appellent à une stratégie différente qui inclurait des actions de prévention auprès de la jeunesse. Ils soulignent l'importance de s'attaquer au narcoblanchiment pour détecter et intercepter les flux financiers illicites. Le maire de Morlaix évoque la nécessité d'une approche globale, car, selon lui, «le crime paie» et les profits illicites sont rarement interceptés, ce qui perpétue le cycle de la criminalité.