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Le dollar reste dominant mais fragilisé par les tensions commerciales


Le billet vert représente encore 58% des réserves de change mondiales, mais sa position est menacée par les politiques de Trump et la dédollarisation.

Le dollar reste dominant mais fragilisé par les tensions commerciales

Le billet vert, dont la force repose sur la puissance économique et politique des États-Unis, reste une valeur refuge privilégiée en période de crise ou de conflit. Il représentait encore 58% des réserves de change des banques centrales mondiales au dernier trimestre 2024, selon le Fonds monétaire international. Une part toujours dominante, mais en recul par rapport à 1999, où il atteignait 71%. Secoué par la tempête commerciale de Trump, le dollar conserve encore son statut de devise incontournable dans les échanges et les réserves mondiales. Jusqu'à quand?

Le dollar, une devise incontournable mais fragilisée

Dominance du dollar dans les échanges internationaux

Au niveau mondial, près de la moitié de la valeur des paiements interbancaires internationaux est échangée en dollars américains, contre 22% en euros, 7% en livres sterling et 4% en yuans chinois, selon les données du réseau de paiements SWIFT pour février. Par ailleurs, de nombreuses matières premières stratégiques, comme le pétrole, sont libellées en dollars, renforçant sa position centrale dans le commerce international.

Une valeur refuge en période de crise

Le dollar a longtemps été considéré comme une valeur refuge en période de crise ou de conflit. Cependant, la récente baisse de la devise américaine, chamboulée par les marchés, laisse entrevoir un discrédit «au moins temporaire» de son statut de valeur refuge, au profit d’actifs jugés plus sûrs comme le franc suisse, le yen japonais ou l’or, observe Ryan Chahrour, professeur à l’université Cornell. Le billet vert a perdu environ 4% de sa valeur face à l’euro en quelques jours après l’entrée en vigueur d’une nouvelle salve de droits de douane américains le 9 avril.

Historique de la dominance du dollar

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe en ruine a besoin criant de liquidités. Et face à elle, les Etats-Unis sont en position de force. Le dollar s’impose dès lors comme la nouvelle devise de référence dans le cadre des accords de Bretton-Woods de 1944, qui posent les bases du système monétaire international. De nombreux pays choisissent d’y arrimer leur monnaie. La demande en dollars permet aux Etats-Unis d’emprunter à tour de bras, en théorie sans limite.

Les défis actuels du dollar

En revanche, la force du billet vert renchérit les exportations américaines, au détriment de leur compétitivité. Le conseiller de Donald Trump, Stephen Miran, envisage d’ailleurs une grande réforme mondiale visant à déprécier la devise américaine. Dans le même temps, plusieurs banques centrales ont amorcé un processus de «dédollarisation» de leurs réserves. L’une des raisons est, qu’en étant dépendant du dollar, pays et entreprises s’exposent aux sanctions américaines et internationales, comme l’a illustré le gel des réserves de change russes à l’étranger après l’invasion de l’Ukraine début 2022.

Impact des politiques de Trump

La devise américaine a d’abord été soutenue par la perspective d’un renforcement de l’inflation américaine sous l’impulsion de Donald Trump. Mais la salve de droits de douane imposés par la Maison-Blanche, puis les mesures de rétorsion chinoises, alimentent désormais les craintes sur la croissance américaine et font vaciller les marchés.

La Réserve fédérale américaine pourrait être tentée à terme d’abaisser ses taux d’intérêts afin de soutenir une économie à la peine, une perspective qui plombe aussi le cours du billet vert. Une autre crainte émerge: celle que la Fed ne joue plus pleinement son rôle de prêteur de dernier ressort en limitant la mise à disposition des dollars aux autres banques centrales.

Fragilisation de la réputation des États-Unis

Donald Trump contribue à «saper les fondements de la domination du dollar» et à ternir la réputation des États-Unis, estime Mark Sobel, ancien haut responsable au Trésor américain. Selon lui, le président fragilise la solidité économique du pays par sa politique commerciale et économique, mais aussi en remettant en cause l’État de droit et en ne se comportant «ni comme un partenaire fiable, ni comme un allié de confiance».