Les internautes chinois se moquent de la guerre commerciale
Les surtaxes colossales décrétées par Donald Trump suscitent une vague de réactions sarcastiques en Chine. Des rangées d’ouvriers américains en surpoids, confus, s’emmêlant les doigts dans des machines à coudre: l’image, générée par intelligence artificielle, tourne en dérision les États-Unis contraints de produire eux-mêmes leurs biens de consommation en raison de la guerre commerciale. Sur l’internet chinois, très contrôlé, les surtaxes colossales imposées par Washington aux produits chinois ont déchaîné les publications sarcastiques et humoristiques – non sans une pointe de nationalisme.
Les réactions des internautes chinois face aux surtaxes américaines
Des vidéos virales et humoristiques
En écho à la rhétorique officielle, les publications moquant la dépendance américaine aux produits chinois ont inondé les réseaux sociaux. Dans une vidéo, un internaute affirme vouloir montrer dans ses mains les biens américains qu’il a achetés... avant d’ouvrir ses paumes vides. Ses dizaines de vidéos moquant les États-Unis cumulent des millions de vues sur TikTok.
L'impact des surtaxes sur la production manufacturière
Le président américain assure que ses surtaxes aideront à rapatrier la production manufacturière aux États-Unis après des décennies de délocalisations. Une perspective peu réaliste, selon des internautes chinois. Des vidéos générées par intelligence artificielle, devenues virales, montrent Trump, Vance, et Elon Musk sur des chaînes d’assemblage de chaussures ou d’iPhone.
La réponse des internautes chinois
Certains internautes chinois expliquent également aux Américains comment contourner les surtaxes prohibitives sur les produits chinois: venir directement les acheter en Chine. Dans une vidéo sur TikTok, un homme affirmant travailler dans une usine Birkenstock à Yiwu, cœur industriel de l’est du pays, propose de passer commande pour des paires de ces sandales à seulement 10 dollars.
Le nationalisme et l'inquiétude économique
«Il y a clairement une forme de nationalisme» dans ces publications, affirme Gwen Bouvier, professeure à l’Université des études internationales de Shanghai, notamment spécialiste des réseaux sociaux. Mais derrière l’humour se cache probablement une vive inquiétude face à l’impact de la guerre commerciale sur l’économie chinoise, dépendante de ses exportations. Sur l’internet chinois, les censeurs semblent d’ailleurs avoir effacé des commentaires alertant sur les répercussions possibles du conflit commercial pour les consommateurs et les industriels chinois.
La censure sélective sur les réseaux sociaux
Sur Weibo, plateforme chinoise comparable au réseau social X, tous les commentaires associés au mot-dièse «#Les États-Unis vont imposer des droits de douane de 104% sur les produits chinois» ont ainsi été supprimés. À l’inverse, le mot-dièse «#Les États-Unis mènent une guerre commerciale tout en mendiant des œufs» — une référence à la flambée des prix de ce produit sur le territoire américain — a été consulté 230 millions de fois.
La lutte contre les «fausses informations»
Cela inclut, selon lui, de «fausses informations» sur le Xinjiang, région du nord-ouest du pays, où Pékin est accusé de mener une répression des Ouïghours et d’autres ethnies musulmanes – des allégations fermement démenties par la Chine. Ses vidéos lui permettent aujourd’hui de «contester la propagande occidentale», affirme-t-il.
Ces publications sont un moyen «d’évacuer sa colère», explique à l’AFP l’auteur de ces vidéos, un internaute de la province chinoise du Liaoning (nord-est), répondant au pseudonyme de «Budddhawangwang». Ce trentenaire explique avoir déménagé en Californie en 2019 avant de «jeter» sa carte de résident permanent quatre ans plus tard, furieux face aux «préjugés contre la Chine