Des jeunes Mexicains disparaissent après avoir répondu à des offres d'emploi frauduleuses, peut-être recrutés de force par les gangs. Deux femmes cherchent leurs proches.
Rubí Cruz et Verónica Cruz cherchent la trace de proches disparus, peut-être victimes de recrutements forcés et d’assassinats par un cartel dans le nord-ouest du Mexique. Rubí croit avoir repéré sur une photo des objets ayant appartenu au père de ses trois enfants. Veronica, elle, recherche toujours la moindre trace de son fils Robert, disparu il y a un an à l’âge de 16 ans.
Les disparitions inquiétantes au Mexique
La quête de Rubí Cruz
Rubí Cruz, 31 ans, recherche Fermín Hernández, qui habitait avec elle dans l’État du Jalisco, le plus touché par les quelque 120'000 disparitions au Mexique. Fermín a disparu en octobre 2021 à l’âge de 33 ans, après avoir été enlevé dans sa maison par des hommes armés qui l’ont blessé à la jambe. Sa femme a reconnu son portefeuille, un porte-clé et un maillot de corps sur l’une des photos partagées en mars par le collectif Guerreros buscadores («Les guerriers chercheurs») qui recherche les disparus.
Ces photos détaillaient les centaines de chaussures, d’habits et d’objets retrouvés dans un ranch abandonné à Teuchtitlan à l’ouest de Guadalajara, inspecté par le collectif le 5 mars. Des restes d’ossements ont également été retrouvés dans la ferme, avait confirmé le parquet. Il s’agissait d’un centre présumé de recrutement et d’entraînement du narcotrafic, d’après le collectif. Le Jalisco est le fief du Cartel Jalisco Nueva Generacion (CJNG), l’un des plus puissants du pays.
«L’espoir est toujours intact, jusqu’à ce qu’une preuve ADN disant qu’il a été localisé sans vie», explique à l’AFP la jeune femme, qui partage son temps entre un emploi dans la restauration et les recherches pour retrouver Fermín.
La douleur de Verónica Cruz
Verónica Cruz, 42 ans, pleure en tenant entre ses mains un portrait de son fils Robert souriant lors de son quinzième anniversaire.
Après avoir abandonné l’école secondaire, Robert a quitté la banlieue de Mexico où il vivait pour se rendre dans le Jalisco, attiré par une offre d’emploi présumée comme peintre. À 16 ans, il voulait absolument s’acheter une moto et a quitté la maison contre la volonté de sa mère. En juin, le jeune a appelé sa sœur en pleurant: «Je suis tueur à gages (sicario), ils viennent de tuer mon ami», a-t-il dit selon le récit de sa mère. «Si je n’arrive pas à sortir d’ici, je vais veiller sur vous depuis le ciel».
Peu après, un individu qui s’est présenté comme un ami de Robert a contacté sa sœur sur Facebook en lui annonçant que le jeune était mort dans un affrontement. Sa mère croit que Robert se trouvait également au ranch Izaguirre de Teuchitlan. «Peut-être que je ne recherche pas la justice, mais juste le fait de savoir où est mon fils», déclare-t-elle.
Les méthodes des cartels
Comme sans doute celles de Fermin et Robert, de nombreuses disparitions sont liées au recrutement forcé des bandes criminelles qui ont besoin d’effectifs «pour contrôler le territoire», d’après Jorge Ramírez, chercheur à l’université de Guadalajara. Les offres d’emploi frauduleuses sont une de leurs principales méthodes, selon Clara Luz Álvarez, une représentante du Conseil citoyen de Mexico.
Une trentaine de jeunes qui se sont rendus à Guadalajara pour des prétendus entretiens d’embauche ont été portés disparus en 2024. Le ministère de la Sécurité du Mexique a annoncé début avril avoir supprimé 69 pages de réseaux sociaux liées au recrutement du crime organisé. Certaines recrues forcées emmenées dans le ranch ont pu être assassinées.
Les armées privées des cartels
Les cartels mexicains, en particulier le CJNG, utilisent des méthodes de recrutement sophistiquées pour attirer de jeunes recrues. Ces méthodes incluent des offres d’emploi frauduleuses qui promettent des salaires élevés et des conditions de travail attractives. Une fois piégés, les jeunes sont souvent forcés de rejoindre les rangs des cartels, où ils sont formés et utilisés comme soldats dans les conflits territoriaux.
Les offres d’emploi frauduleuses
Les offres d’emploi frauduleuses sont devenues un outil courant pour les cartels mexicains. Voici quelques exemples de méthodes utilisées :
- Promesses de salaires élevés et de conditions de travail attractives.
- Utilisation de fausses entreprises pour attirer les candidats.
- Recrutement via les réseaux sociaux et les sites d’emploi.
Ces méthodes ont conduit à la disparition de nombreux jeunes, souvent attirés par la perspective de meilleures opportunités économiques. Les autorités mexicaines luttent pour démanteler ces réseaux de recrutement, mais la tâche reste ardue en raison de la sophistication des opérations des cartels.
En conclusion, les disparitions de jeunes Mexicains liées aux offres d’emploi frauduleuses des cartels sont un problème alarmant. Les histoires de Rubí Cruz et Verónica Cruz illustrent la douleur et l’incertitude vécues par les familles des disparus. Les efforts pour démanteler ces réseaux de recrutement doivent être intensifiés pour mettre fin à ces pratiques cruelles.