Alors que les tensions semblaient s'apaiser, le bras de fer diplomatique entre Alger et Paris est en train de reprendre à la suite de la détention en France d'un agent consulaire. L’Algérie a «vivement protesté» samedi soir contre cette détention, accusant la France d’une manœuvre «inadmissible» au moment où le dialogue entre les deux pays venait de reprendre.
Tensions diplomatiques entre l'Algérie et la France
Détention d'un agent consulaire algérien
Trois hommes, dont un travaille dans un consulat d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) français. Ces accusations concernent l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé «Amir DZ». Les trois hommes sont également poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et ont été placés en détention.
Réaction de l'Algérie
Le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi à cette situation, qualifiant ce développement d’«inadmissible et inqualifiable» et prévenant que cela causera un grand dommage aux relations algéro-françaises. Alger s’est engagé à ne pas «laisser cette situation sans conséquences» et a convoqué l’ambassadeur de France Stéphane Romatet pour exprimer sa protestation.
La diplomatie algérienne a critiqué à la fois la forme et le fond de l’affaire, soulignant que l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique. Alger a également dénoncé «l’argumentaire vermoulu et farfelu» du ministère de l’Intérieur français, qualifiant cette situation de «cabale judiciaire inadmissible» reposant sur le fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile d’Amir Boukhors.
Contexte de l'affaire Amir Boukhors
Amir Boukhors, influenceur algérien en France depuis 2016, a obtenu l’asile politique en 2023. Son pays le réclame pour le juger, ayant émis neuf mandats d’arrêt internationaux à son encontre pour escroquerie et infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition. Âgé de 41 ans et suivi par plus d’un million d’abonnés sur TikTok, «Amir DZ» a été la cible de deux agressions graves, une en 2022 et une autre dans la soirée du 29 avril 2024, jour de son enlèvement en banlieue sud de Paris avant d’être relâché le lendemain.
Réactions françaises et algériennes
À la suite des mises en examen, l’avocat d’Amir Boukhors, Me Eric Plouvier, a parlé d’une «affaire d’État». Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a évoqué «peut-être» un «acte d’ingérence étrangère». Cependant, une source proche du dossier en France a appelé à la prudence, redoutant que l’enquête ne débouche que sur «un dossier vide», contre des suspects qui ne seraient que des fusibles.
Pour la diplomatie algérienne, ce tournant judiciaire n’est pas le fruit du hasard. Elle accuse la France de vouloir «torpiller le processus de relance des relations bilatérales» convenu entre les deux chefs d’État lors de leur récent entretien téléphonique. Alger exige la libération «immédiate» de son agent consulaire.
Cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre l'Algérie et la France, malgré les efforts récents pour améliorer les relations bilatérales. La détention de l'agent consulaire et les accusations qui en découlent risquent de compliquer davantage le dialogue entre les deux pays.