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La France pourrait reconnaître l'État palestinien en juin


Emmanuel Macron envisage de reconnaître l'État palestinien lors d'une conférence à l'ONU, une décision saluée par le Hamas mais risquée.

La France pourrait reconnaître l'État palestinien en juin

Un responsable du Hamas a salué jeudi l’annonce d’Emmanuel Macron selon laquelle la France pourrait reconnaître l’État palestinien en juin, y voyant «une étape importante» qui constituerait une avancée pour les droits des Palestiniens. Emmanuel Macron tente de faire bouger les lignes et de contrecarrer les plans de Donald Trump à Gaza en agitant une possible reconnaissance d’un État palestinien par la France qui s’inscrirait dans un mouvement réciproque de reconnaissance d’Israël par les pays arabes, un pari qui reste toutefois risqué et incertain.

La France, en tant que pays avec un poids politique et membre permanent du Conseil de sécurité, a la capacité d’orienter les solutions justes et de pousser à la fin de l’occupation ainsi qu’à l’accomplissement des aspirations du peuple palestinien», a déclaré Mahmoud Mardawi, un des dirigeants du mouvement islamiste palestinien.

Les enjeux de la reconnaissance de l'État palestinien

Initiative française et conférence à l'ONU

Le chef de l’État pourrait franchir le pas en juin à l’occasion d’une conférence aux Nations unies destinée à favoriser la création d’un État palestinien, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Il inscrit toutefois une telle décision dans une «dynamique collective», impliquant aussi la reconnaissance de l’État d’Israël par les pays, notamment de la région, qui ne l’ont pas encore fait.

«Tout ce qui peut empêcher la mise en œuvre du plan proposé par Donald Trump et endossé par les Israéliens sur Gaza est bon à prendre, même si c’est relativement ambigu», estime Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Opposition au plan de Donald Trump

Emmanuel Macron a aussi endossé le plan arabe pour la reconstruction de Gaza, en s’opposant «fermement aux déplacements de populations» esquissés par Donald Trump. Le président américain, proche allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ambitionne de prendre le contrôle du territoire palestinien et d’en expulser ses habitants pour en faire la «Riviera du Moyen-Orient».

Reconnaissance internationale de l'État palestinien

À ce stade, 147 pays ont reconnu l’État palestinien, mais de grands pays européens – Allemagne, Italie notamment – manquent à l’appel. Le président français espère faire jurisprudence, après l’Irlande, la Norvège, l’Espagne et la Slovénie en 2024, et pousser ainsi vers la «solution à deux États», palestinien et israélien.

Stratégies pour convaincre Israël

Pour tenter de convaincre Israël, le président français insiste sur le désarmement du Hamas, la sortie de ses principaux cadres de Gaza et la mise en place d’engagements de sécurité collective dans la région. Pour Agnès Levallois, pays arabes et européens ont toutefois peu de «leviers» et «seuls les Américains peuvent arrêter Israël» à Gaza.

Redorer l'image de la France au Moyen-Orient

Emmanuel Macron espère de son côté remettre la France dans le jeu au Moyen-Orient où ses prises de positions ont souvent été qualifiées de «zigzag» entre le soutien aux Israéliens et aux Palestiniens au début de la guerre. «Il renoue avec une ligne diplomatique française traditionnellement plus proche des revendications nationales du peuple palestinien et du monde arabe», relève Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris.

«Cela peut créer un effet d’entraînement, redorer quelque peu l’image de la France au Moyen-Orient et dans le sud global», ajoute-t-il. Mais si la France ne se résout finalement pas à une reconnaissance en juin, faute de dynamique collective, cela risque d’avoir un prix élevé en termes de crédibilité.