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Les États ripostent aux droits de douane américains avec des plans de soutien


L'Espagne, la Corée du Sud, le Japon et le Nigeria déploient des mesures pour protéger leurs entreprises face aux hausses de droits de douane imposées par les États-Unis.

Les États ripostent aux droits de douane américains avec des plans de soutien

Face à l'assaut des États-Unis dans la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, plusieurs États ont rapidement mis en place des plans de soutien pour leurs entreprises et leur monnaie. Ces mesures visent à atténuer l'impact des hausses de droits de douane imposées par les États-Unis et à protéger les secteurs économiques les plus vulnérables.

Les plans de soutien se multiplient dans le monde

En Espagne, 14 milliards sur la table

Touché comme le reste des pays de l’Union européenne par une hausse des droits de douane de 20%, Madrid a dégainé dès le lendemain des annonces Trump un plan de soutien de 14,1 milliard d’euros aux secteurs susceptibles d’être touchés. Cinq milliards d’euros de cette somme seront issus du plan de relance européen post-Covid, permettant aux entreprises de réorienter leur production vers de nouveaux secteurs. Malgré un déficit commercial avec les États-Unis, certains secteurs espagnols sont fortement exposés à ce pays, comme l’huile d’olive.

La Corée du Sud au secours de l’auto

Séoul a annoncé mercredi une aide d’urgence totale de 1,8 milliard d’euros pour soutenir ses constructeurs automobiles, après l’imposition par Donald Trump d’un droit de douane supplémentaire de 25% sur ce secteur. D’après le plan d’aide du gouvernement, la Corée va ainsi accroître de 2000 milliards de wons (1,2 milliard d’euros) un programme de financement de l’industrie automobile. Les entreprises affectées par l’offensive commerciale américaine seront par ailleurs éligibles à des reports d’impôts jusqu’à neuf mois. Et le principal constructeur sud-coréen, Hyundai Motor, va mettre en place un plan de soutien de 1000 milliards de wons (610 millions d’euros) pour les entreprises sud-coréennes du secteur en partenariat avec de grandes institutions financières. Les exportations sud-coréennes liées à l’automobile vers les États-Unis se sont chiffrées à hauteur de 42,9 milliards de dollars l’an dernier, selon des responsables.

Le Japon promet des «guichets»

Touchée par 24% de droits de douane américains, Tokyo va créer un millier de «guichets de consultation» pour aider les entreprises, a indiqué début avril dernier le Premier ministre Shigeru Ishiba. Les sanctions douanières américaines sur le secteur automobile et les pièces détachées affecteront particulièrement le Japon: ce pays représentait l’an dernier 16% des importations automobiles des États-Unis, et le secteur automobile près du tiers des exportations nippones vers les États-Unis. L’automobile concentre par ailleurs entre 8 et 10% des emplois dans le pays.

Le Nigeria soutient sa monnaie

La Banque centrale du Nigeria (CBN) a annoncé lundi avoir injecté près de 200 millions de dollars sur le marché pour protéger la valeur de sa monnaie, le naira. Selon la banque centrale du premier producteur de pétrole d’Afrique, le plongeon des prix du pétrole brut a créé une «nouvelle dynamique pour les pays exportateurs de pétrole». Les cours de l’or noir s’enfonçaient de nouveau mercredi, sous la barre des 60 dollars pour la première fois depuis quatre ans pour le baril de Brent. Plus de 90% des exportations du Nigeria vers les États-Unis, évaluées entre 5 et 6 milliards de dollars par an, sont constituées de pétrole brut, de combustibles minéraux et de produits gaziers. Le pays a été touché par un droit de douane de 14% par les États-Unis.

Aux États-Unis, une aide aux exportateurs?

Parallèlement à la guerre commerciale qu’elle a elle-même lancée, l’administration Trump réfléchit à la création d’un crédit d’impôt pour les entreprises exportatrices, selon des informations de l’agence Bloomberg. Devant les risques de représailles des partenaires des États-Unis, ce crédit d’impôt permettrait de soulager les entreprises et pourrait voir le jour à la fin de l’année, affirme l’agence citant des personnes proches des discussions. La décision pourrait nécessiter l’accord du Congrès et s’appliquer également aux entreprises qui exportent des services. Celles-ci pourraient être visées par les rétorsions européennes, l’UE affichant un lourd déficit avec les États-Unis sur ce plan.

Ces mesures de soutien montrent que les États sont prêts à tout pour protéger leurs intérêts économiques face à la politique commerciale agressive des États-Unis. La riposte s'organise et certains États volent au secours de leurs entreprises ou de leur monnaie pour limiter la chute sur les marchés.