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La Française des Jeux propose un accompagnement pour les grands gagnants


En 2024, 211 gains d'au moins 1 million d'euros ont été enregistrés en France. La FDJ offre un soutien pour éviter les dérives financières.

La Française des Jeux propose un accompagnement pour les grands gagnants

Les cas de grands gagnants aux loteries ruinés par de mauvais placements ou excès sont rares: pour les prévenir, un accompagnement de changement de vie est proposé par la Française des Jeux (FDJ). En 2024, 211 gains supérieurs ou égaux à 1 million d’euros (environ 940 millions de francs) ont été recensés en France par FDJ United, géant européen des jeux de hasard et d’argent né dans l’Hexagone. Un joueur d’Autriche a remporté 250 millions (235 millions de francs) à l’EuroMillions le 28 mars, le record français remonte à 2021 avec 220 millions d'euros (206 millions de francs) en Polynésie: les cagnottes historiques sont des nids à fantasmes. D’abord, celui du conte de fées qui a tout pour virer au cauchemar.

Quelques chutes dans le vide restent cependant en mémoire. Les tabloïds ont documenté la spirale voitures de luxe/drogues/prostituées/ruine/prison/sans domicile fixe d’un Anglais qui posait à l’âge de 19 ans avec son chèque de 10 millions de livres (environ 11 millions de francs) de la loterie britannique. «C’est vraiment anecdotique et je pense qu’on est tenté de mettre ces histoires-là en avant parce qu’on est toujours un peu jaloux», analyse auprès de l’AFP Marc Valleur, ancien médecin-chef de l’hôpital Marmottan à Paris, psychiatre autour des problématiques des jeux.

L'accompagnement des grands gagnants par la FDJ

Un soutien essentiel pour éviter les dérives

L’histoire «qu’on aurait peut-être de temps en temps envie d’entendre, du gars qui gagne des millions d’euros et qui perd tout dans des excès, très franchement, ça n’existe plus», pointe pour l’AFP Vincent Mongaillard, auteur du livre «Les millionnaires du Loto». Ce genre d’accident de parcours «a pu arriver en France dans les années 80, quand les gagnants étaient exhibés, pas protégés et pas accompagnés», développe ce spécialiste des jeux d’argent. Il y a la trajectoire des gagnants de la Saint-Valentin en 1980, un couple de Lorrains de 18 et 19 ans, empochant 4,7 millions d'anciens francs français.

Les «fiancés millionnaires»: une histoire emblématique

Moins de trois ans plus tard, les «fiancés millionnaires», leur surnom, se séparent, criblés de dettes. À cette époque, «on ne leur demandait pas leur avis, ils posaient devant les photographes avec le chèque, tout sourire, et après ils étaient suivis à la trace, etc.», ajoute encore le journaliste du Parisien. FDJ United communique désormais en France autour de dispositifs proposés dès 500'000 euros de gains (environ 470'000 francs), accentués dès 1 million avec un accompagnement collectif d’une durée de cinq ans. Ces dernières années, il y a 400 participants par an en moyenne aux ateliers grands gagnants en France (il y a aussi des rencontres avec d’anciens heureux élus).

Des dispositifs d'accompagnement complets

La FDJ «ne va pas gérer votre argent, mais vous aurez les conseils d’un fiscaliste, par exemple», détaille Vincent Mongaillard. Il y a aussi des séminaires pratiques pour découvrir les codes d’un monde nouveau. «J’ai le souvenir d’avoir suivi des grands gagnants encadrés par la FDJ à l’Opéra Garnier, dans de grands restaurants étoilés», raconte-t-il encore. La FDJ met en avant sur son site des «clés pour décrypter ses émotions» et la nécessité de «partager des moments conviviaux avec d’autres grands gagnants». C’est une séquence pivot. «Si vous gardez vos ressentis pour vous, parce que vous avez peur de ce que les autres vont dire, vous risquez de rentrer dans un cercle de méfiance, ça va vous mettre plus en souffrance qu’autre chose», analyse pour l’AFP Lucia Romo, professeure de psychologie clinique, qui travaille notamment autour des jeux.

L'importance du partage et de la communauté

Aller aux ateliers, «c’est surtout pour retrouver une sorte de famille, partager des soucis de multimillionnaires», rebondit Vincent Mongaillard. «La parole est assez libre dans ces ateliers, sans risque de choquer», relate-t-il encore. Mais pour Lucia Romo, il y a un angle mort. «C’est bien d’accompagner les grands gagnants, c’est un bon argument marketing, mais quelqu’un qui ne gagne que 50'000 euros (environ 47'000 francs), si c’est un joueur compulsif, ça peut l’entraîner dans un engrenage, jouer plus pour essayer de gagner plus, soit un cercle problématique, pathologique».