Le gouvernement ultraconservateur italien de Giorgia Meloni a adopté vendredi soir un décret-loi imprimant un nouveau tour de vis sécuritaire, renforçant les peines pour certains délits et la protection des policiers mis en cause dans des dossiers de violences. Ce décret-loi entre immédiatement en vigueur et les deux chambres du Parlement, où la coalition gouvernementale dispose d’une large majorité, ont soixante jours pour le voter.
Un projet de loi traînant depuis plus d’un an, l’urgence était de «donner un délai précis pour l’approbation d’une mesure législative qui assure la protection juridique des policiers, la protection juridique des personnes âgées, la protection des groupes vulnérables», a expliqué le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi au cours d’une conférence de presse à l’issue d’un Conseil des ministres.
Un tour de vis sécuritaire controversé
Protection des forces de l’ordre
Le décret-loi prévoit ainsi pour les membres des forces de l’ordre qui seraient poursuivis dans des dossiers de violences dans le cadre de leur service une aide financière de 10’000 euros (9438 francs suisses) pour les frais de défense. Cette mesure vise à renforcer la protection juridique des policiers, often jugés trop vulnérables face aux accusations de violences.
Renforcement des peines pour certains délits
Les peines pour certains délits, comme une «révolte dans un établissement pénitentiaire», sont renforcées. Ce décret-loi prévoit également des modifications importantes concernant les délais d’expulsion de personnes ayant occupé illégalement un appartement ou un garage, qui sont désormais raccourcis.
Incarceration des femmes enceintes ou avec enfants en bas âge
Les femmes enceintes ou ayant un enfant en bas âge, coupables de délits, seront désormais obligatoirement incarcérées, même si c’est dans des établissements moins sévères que les prisons, alors qu’auparavant cet automatisme n’existait pas. Cette mesure vise à garantir la sécurité des groupes vulnérables tout en assurant une justice équitable.
Blocage des routes pendant les manifestations
Ce qui naguère était considéré que comme une infraction administrative, le blocage des routes pendant des manifestations, même pacifiques, est désormais un délit pouvant entraîner une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un mois et une amende pouvant atteindre 300 euros (283 francs suisses). Dans le cas d’une infraction commise par plusieurs personnes, la peine d’emprisonnement varie de six mois à deux ans.
Menaces ou violences contre les forces de l’ordre
Les menaces ou violences commises contre des membres des forces de l’ordre seront désormais considérées comme des circonstances aggravantes et ces derniers pourront être munis de caméras mobiles au cours de leurs interventions. Cette mesure vise à renforcer la sécurité des policiers et à dissuader les agressions contre eux.
Contexte politique
Ce tour de vis sécuritaire est porté par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, le vice-chef du gouvernement chargé des transports et des infrastructures. Un journaliste a souligné pendant la conférence de presse que le décret-loi avait été adopté à la veille du congrès de la Ligue, samedi et dimanche, à un moment où Matteo Salvini cherche à retrouver de la visibilité et tente de récupérer son électorat qui l’a en grande partie abandonné pour se tourner vers Fratelli d’Italia, le parti post-fasciste de Giorgia Meloni.
Aide financière pour les frais de défense des forces de l’ordre
L’une des mesures phares de ce décret-loi est l’aide financière de 10’000 euros pour les frais de défense des membres des forces de l’ordre poursuivis dans des dossiers de violences. Cette disposition vise à offrir un soutien concret aux policiers et à renforcer leur sentiment de sécurité juridique.
Matteo Salvini cherche à retrouver de la visibilité
Le contexte politique joue un rôle crucial dans l’adoption de ce décret-loi. Matteo Salvini, leader de la Ligue, cherche à regagner la confiance de son électorat en mettant en avant des mesures sécuritaires fortes. Ce tour de vis intervient à un moment stratégique, juste avant le congrès de la Ligue, où Salvini espère retrouver une certaine visibilité et reconquérir ses partisans.
En conclusion, le décret-loi adopté par le gouvernement italien marque un tournant sécuritaire significatif, avec des mesures visant à renforcer la protection des forces de l’ordre et à durcir les peines pour certains délits. Ce tour de vis intervient dans un contexte politique tendu, où Matteo Salvini cherche à retrouver sa popularité perdue.