Effusions de joie, larmes, craintes pour l’avenir... Les pro et anti-Yoon Suk Yeol libèrent leurs émotions après la confirmation vendredi de la destitution du président conservateur, clôturant ainsi l’affaire qui a plongé le pays dans la tourmente.
L’attente de la décision a exacerbé les divisions politiques, entraînant la mort d’au moins deux fervents partisans de M. Yoon qui se sont immolés par le feu depuis le début de l’année pour protester contre son sort. Les manifestants des deux camps sont présents dans les rues chaque week-end depuis la tentative manquée d’instauration de la loi martiale début décembre. L’AFP s’est entretenue avec des habitants de Séoul pour recueillir leurs sentiments.
Réactions contrastées à la destitution de Yoon Suk Yeol
Jubilation chez les anti-Yoon
Des milliers de manifestants anti-Yoon se sont rassemblés sous un pâle soleil printanier pour suivre en direct la retransmission du verdict, en se tenant par la main en signe de solidarité. À l’annonce de la destitution de M. Yoon, ils se sont mis à applaudir à tout rompre, certains fondant en larmes.
Pour Kim Kyung-mo, un homme d’affaires de 43 ans, ce vendredi est le «jour le plus significatif» de sa vie. «La loi martiale a causé tant de souffrance à beaucoup de gens, et le pays a failli sombrer dans la crise», souligne-t-il auprès de l’AFP.
Kim Hyun-mee, 44 ans, explique que l’écoute du verdict a été une expérience très émouvante. «Les larmes ont commencé à couler dès que le verdict a commencé à être prononcé, et j’ai beaucoup pleuré», raconte-t-elle.
Tensions et violences parmi les partisans de Yoon
M. Yoon a défendu sa tentative d’imposer la loi martiale le 3 décembre en affirmant qu’elle était nécessaire pour repousser «les forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’État». Depuis lors, il a obtenu le soutien de personnalités religieuses extrémistes et de YouTubers de droite.
Les rassemblements en faveur de Yoon Suk Yeol ont été marqués par des violences en janvier lorsque des partisans radicaux ont pris d’assaut un tribunal qui venait de prolonger sa détention, blessant au moins 50 officiers de police.
À l’extérieur du tribunal vendredi, des journalistes de l’AFP ont entendu des partisans de M. Yoon proférer des appels au meurtre des juges de la Cour. Près de la résidence présidentielle, que M. Yoon doit désormais quitter, des supporters ont été vus en train d’essuyer des larmes, visiblement désemparés.
«Avec la sentence d’aujourd’hui, la liberté en Corée du Sud est morte une fois de plus», souffle Yi Gun-hee, un homme d’affaires de 40 ans. Su Yo-hahn, un partisan septuagénaire de M. Yoon, considère qu’il n’y a «pas d’avenir» pour son pays. «Je ne sais pas comment garder espoir pour la jeune génération, compte tenu de ce qui s’est passé aujourd’hui.»
Résistance citoyenne et verdict de la Cour constitutionnelle
La nuit où M. Yoon a déclaré l’éphémère loi martiale, des citoyens ordinaires ont afflué vers l’Assemblée nationale, tentant d’empêcher les troupes armées d’entrer dans l’enceinte du bâtiment. Dans son verdict, la Cour constitutionnelle a déclaré vendredi que l’Assemblée nationale avait pu adopter rapidement une résolution demandant la levée de la loi martiale «grâce à la résistance des citoyens».
De nombreux manifestants anti-Yoon se sont dit profondément émus et fiers du verdict. «Je pense que c’est très significatif parce que c’est le résultat de l’union des citoyens», se félicite auprès de l’AFP Cho Kyung-chool, un pharmacien de 43 ans.
Divisions politiques persistantes
Les experts estiment que même après la décision de vendredi, la division politique risque de perdurer. Le leader de l’opposition démocrate, Lee Jae-myung, sera probablement le prochain président, selon de récents sondages, mais de nombreux partisans de M. Yoon le considèrent comme un dangereux sympathisant de la Corée du Nord.
«Il est clair que (Lee Jae-myung) a l’intention d’éloigner la Corée du Sud d’une démocratie libérale pour en faire un Etat socialiste, voire un Etat totalitaire favorable à la Corée du Nord», prévoit M. Yi, un partisan de M. Yoon. Le président de l’Assemblée nationale, Woo Won-shik, a souligné vendredi que le verdict «n’est pas une victoire pour l’un ou l’autre camp», mais une victoire pour la «Constitution, et une victoire pour la démocratie».
Cho Kyung-chool espère «désormais avoir une politique qui nous permettra de nous rassembler, d’envisager l’avenir ensemble et d’aller de l’avant.»
Pas de futur
Les partisans de Yoon Suk Yeol expriment un profond pessimisme quant à l’avenir de leur pays après la destitution de leur leader.
Résultat de l’union des citoyens
Les manifestants anti-Yoon célèbrent le verdict comme une victoire collective, soulignant l’importance de l’unité citoyenne dans la défense de la démocratie.
Davantage de division?
Malgré la destitution de Yoon Suk Yeol, les tensions politiques restent vives, et les divisions entre les partisans et les opposants demeurent profondes.