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Eric Zemmour condamné pour contestation de crime contre l'humanité


Le président de Reconquête écope de 10 000 euros d'amende pour ses propos sur Pétain. Il annonce un pourvoi en cassation.

Eric Zemmour condamné pour contestation de crime contre l'humanité

Le président du parti d’extrême droite Reconquête, Eric Zemmour, a été condamné mercredi à Paris à l’issue d’un troisième procès à 10'000 euros d’amende pour contestation de crime contre l’humanité. Cette condamnation fait suite à ses propos controversés selon lesquels le maréchal Pétain avait «sauvé» des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

En plus de l'amende, l’ex-journaliste de 66 ans a été condamné à verser un euro de dommages et intérêts et 1200 euros au titre des frais de justice à chacune des cinq associations parties civiles. Malgré cette décision, Eric Zemmour a affirmé qu’il n’a «à aucun moment souhaité "défendre Pétain"» ni «minimiser l’ampleur du massacre des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale». Il a également annoncé un pourvoi en cassation.

Un parcours judiciaire tumultueux

Relaxe puis condamnation

Dans cette affaire, Éric Zemmour avait d’abord été relaxé en 2021 puis en appel en 2022, avant que la Cour de cassation n’annule sa relaxe, ordonnant un nouveau procès devant la cour d’appel de Paris. Les propos incriminés remontent au 21 octobre 2019, lors d’un débat dans l’émission «Face à l’info» sur CNews, où il était le chroniqueur vedette aux côtés de Bernard-Henri Lévy.

«Un jour (...) vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs», avait déclaré Bernard-Henri Lévy. «Français, précisez, précisez, français», l’avait interrompu Eric Zemmour. «Ou avait sauvé les juifs français. C’est une monstruosité, c’est du révisionnisme», avait poursuivi Lévy. «C’est encore une fois le réel, je suis désolé», lui avait répondu Zemmour.

Réactions et contestations

Dénonçant, dans un communiqué titré «la justice politique a encore frappé», un harcèlement judiciaire de la part d’associations selon lui «politisées», Eric Zemmour a estimé que «ce procès n’a rien d’historique» mais lui a été fait «pour des raisons politiques».

Le 12 mai 2022, la cour d’appel de Paris avait estimé que, si les propos «peuvent heurter les familles de déportés», ils «n’ont pas pour objet de contester ou de minorer le nombre des victimes de la déportation ou la politique d’extermination dans les camps de concentration». Elle avait rappelé que Philippe Pétain n’avait pas été condamné «pour un ou plusieurs crimes contre l’humanité» lors de son procès à la Libération, mais pour «attentat contre la sûreté intérieure de l’État» et «intelligences avec l’ennemi».

Cependant, la Cour de cassation avait estimé que «les propos reprochés peuvent constituer un délit, même s’ils portent sur une personnalité qui n’a pas été condamnée pour crime contre l’humanité».

Une thèse historiquement discréditée

La thèse, reprise par Eric Zemmour, consistant à dire que Pétain aurait «protégé les juifs français», brandie pour la première fois par la défense du maréchal Pétain à son procès en 1945, est, selon plusieurs historiens interrogés dans le cadre d’un fact-check en 2022, dénuée de tout fondement.

Elle apparaît ultra-minoritaire dans le monde académique et est notamment contredite par l’arrestation avérée d’enfants français lors de la rafle du Vel d’Hiv de 1942 et fait fi du système de ségrégation mis en œuvre dès 1940 par le régime de Vichy et frappant tout particulièrement les juifs français.

Mercredi dernier, Eric Zemmour a également été condamné pour injure raciale concernant des propos où il opposait «deux France» dans l’affaire de Crépol.

Harcèlement judiciaire

Eric Zemmour a dénoncé un harcèlement judiciaire de la part d’associations qu’il considère comme «politisées». Il estime que ce procès n’a rien d’historique mais lui a été fait pour des raisons politiques.

Thèse totalement discréditée par les historiens

La thèse selon laquelle Pétain aurait «protégé les juifs français» est largement discréditée par les historiens. Elle est contredite par des faits historiques avérés, tels que l’arrestation d’enfants français lors de la rafle du Vel d’Hiv de 1942 et le système de ségrégation mis en œuvre par le régime de Vichy dès 1940.