L’élu démocrate Cory Booker a battu mardi soir le record du plus long discours au Sénat américain en s’élevant pendant plus de 24 heures et 18 minutes contre la politique de Donald Trump.
Le discours marathon du sénateur du New Jersey (nord-est) s’est fait sans pause pour les besoins naturels ni possibilité de s’asseoir, comme le veulent les règles du Sénat américain. Il a effacé des tablettes le record de 1957 de Strom Thurmond, un sénateur de Caroline du Sud pro-ségrégation qui s’opposait à une loi historique sur les droits civiques.
«Ce n’est pas une question de gauche ou de droite. C’est une question de bien ou de mal. Amérique, c’est une question morale: la Constitution vit-elle en ton cœur?», a lancé le sénateur peu après avoir battu le record.
Un discours historique au Sénat
Un marathon oratoire sans précédent
Cory Booker monopolisait depuis la veille à 19 h 00 locales l’hémicycle du Sénat des États-Unis pour protester contre la politique «inconstitutionnelle» selon lui du président Trump.
«Je me lève avec l’intention de perturber les activités normales du Sénat des États-Unis aussi longtemps que j’en serai physiquement capable. Je me lève ce soir parce que je crois sincèrement que notre pays est en crise», avait déclaré l’élu au début de son marathon oratoire.
Les règles strictes du "filibuster"
Le règlement intérieur de la chambre haute du Congrès permet à n’importe quel sénateur de prendre la parole, à condition de rester debout en parlant, sans prendre de pause: la tactique est surnommée «filibuster», mot dérivé du français «flibustier», puisque l’élu «pirate» ainsi la clôture des débats.
La manœuvre a été immortalisée par Frank Capra dans son film de 1939, «Mr Smith Goes to Washington». Le discours de Cory Booker, qui se prolongeait mardi encore plusieurs minutes après son record, ne représente pas une tentative d’obstruction car aucune loi n’est en cours de vote.
Les règles sont strictes: impossible de s’asseoir ou de prendre une pause pour les besoins naturels. Le seul répit permis est celui de la voix, puisqu’un autre sénateur peut prendre la parole pour poser une question – parfois elle-même très longue – à l’élu debout au pupitre. Le record précédent s’affichait à 24 heures et 18 minutes.
Une critique sévère de l'administration Trump
En 2013, le sénateur républicain Ted Cruz avait quant à lui parlé plus de 21 heures pour contester la réforme du système de santé du président démocrate Barack Obama. Au début de son intervention lundi soir, Cory Booker s’était livré à une attaque en règle de l’administration Trump.
«En seulement 71 jours, le président des États-Unis a infligé tant de dégâts à la sécurité et à la stabilité financière des Américains, aux fondements mêmes de notre démocratie», avait déclaré cet ancien joueur de football américain.
«Ce ne sont pas des temps normaux aux États-Unis», avait-il ajouté visiblement ému, «et ils ne devraient pas être traités comme tels». Mardi après-midi, l’élu, visiblement fatigué et la voix brisée, a de nouveau appelé les Américains à s’opposer aux républicains.
«Si vous aimez votre prochain, si vous aimez ce pays, montrez votre amour. Empêchez-les de faire ce qu’ils tentent de faire», a-t-il déclaré.
Les réactions et l'impact du discours
Le discours de Cory Booker a suscité de nombreuses réactions à travers le pays. Les médias ont largement couvert l'événement, soulignant l'endurance et la détermination du sénateur. Les réseaux sociaux ont également été inondés de messages de soutien et de critiques, reflétant la polarisation politique actuelle aux États-Unis.
Ce discours marathon restera sans doute dans les annales du Sénat américain comme un moment historique, symbolisant la résistance politique et la défense des valeurs démocratiques.
Conclusion
En battant le record du plus long discours au Sénat, Cory Booker a non seulement inscrit son nom dans l'histoire politique américaine, mais il a également envoyé un message fort sur la nécessité de défendre les principes fondamentaux de la démocratie. Son discours a mis en lumière les défis auxquels fait face la nation et a appelé à une action collective pour protéger les valeurs américaines.