Des appels de fans turcs au groupe britannique Muse à déprogrammer un concert à Istanbul en raison du supposé soutien au pouvoir turc de son organisateur ont poussé ce dernier à se retirer mardi de l’organisation de l’évènement, sans préciser s’il pourrait avoir lieu.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux fans du groupe de rock appelaient à boycotter le concert, prévu le 11 juin, en soutien aux manifestants qui dénoncent l’arrestation du populaire maire d’opposition d’Istanbul.
Contexte et réactions
Réactions de l'organisateur
Évoquant des déclarations «sorties de leur contexte», Abdülkadir Özkan, le patron de l’entreprise turque organisatrice du concert, a annoncé sur X que celle-ci «se retirerait de tous les projets» musicaux dans lesquels elle est impliquée afin de ne pas nuire aux artistes venant se produire en Turquie. Özkan, à la tête de DBL Entertainment, n’a pas précisé si une autre entreprise pourrait organiser ces concerts.
Manifestations et boycotts
Il avait condamné samedi des jets de projectiles sur une franchise d’une chaîne turque de cafés visée par des appels au boycott en raison de la proximité de son fondateur avec le pouvoir, accusant les auteurs des violences, survenues en marge d’une grande manifestation de l’opposition à Istanbul, de «trahison».
«Nous aimerions (venir) mais l’organisateur de ce concert soutient le fascisme. Contre la jeunesse. Réfléchissez-y à deux fois», avait écrit en réaction sur X l’actrice turque Berna Laçin sous une publication du groupe Muse annonçant l’ouverture imminente des ventes pour son concert.
«Si vous avez un peu de dignité (et que vous n’avez pas désespérément besoin d’argent), annulez cet événement», exhortait un autre internaute dans un message aimé plusieurs milliers de fois, en rappelant que près de 2000 personnes, dont de nombreux étudiants, ont été arrêtées depuis le début de la contestation dans le pays le 19 mars.
Appels au boycott des entreprises proches du gouvernement
Le Parti républicain du peuple (CHP), principale force de l’opposition turque dont est issu le maire emprisonné d’Istanbul Ekrem Imamoglu, appelle depuis la semaine passée à boycotter des dizaines d’entreprises et de groupes turcs réputés proches du gouvernement pour tenter de faire pression sur celui-ci.
Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention provisoire quatre jours plus tard pour «corruption», une accusation qu’il rejette. Son arrestation a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d’Istanbul en 2013.
Organisateur lié au pouvoir
Les fans et les militants accusent l'organisateur du concert de Muse d'être proche du pouvoir turc, ce qui a déclenché une série de réactions et d'appels au boycott. La situation politique en Turquie, marquée par des tensions croissantes entre le gouvernement et l'opposition, ajoute une dimension supplémentaire à cette controverse.
Appels au boycott
Les appels au boycott ne se limitent pas uniquement au concert de Muse. Plusieurs entreprises et groupes turcs réputés proches du gouvernement sont également ciblés par ces appels. Les manifestants espèrent ainsi exercer une pression supplémentaire sur le gouvernement et obtenir la libération d'Ekrem Imamoglu.
La situation reste tendue à Istanbul et dans le reste du pays, alors que les manifestations et les appels au boycott se poursuivent. Le concert de Muse, initialement prévu pour le 11 juin, reste pour l'instant dans l'incertitude, en attendant de voir si un autre organisateur pourrait reprendre l'événement.