En 2023, la pauvreté en Suisse touche près de 25% de la population, soit 1,4 million de personnes, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS). Bien que la Suisse soit souvent perçue comme un pays riche, la réalité est que 8,1% de ses habitants, soit 708'000 personnes, vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Ce chiffre est resté stable par rapport à 2022, où il était de 8,2%.
Le seuil de pauvreté est défini à 2315 francs par mois pour une personne seule et à 4051 francs pour deux adultes vivant avec deux enfants. Les personnes les plus touchées par la précarité sont celles vivant seules ou dans un ménage monoparental avec enfants mineurs, celles sans formation postobligatoire et celles vivant dans un ménage dont aucun membre ne participe au marché du travail.
Un dixième de la population en difficulté financière
Précarité et privation matérielle
En 2023, 10,1% de la population éprouvait des difficultés à joindre les deux bouts. De plus, 5,5% des Suisses étaient en situation de privation matérielle et sociale dans au moins cinq des treize domaines de la vie. Par exemple, 18,8% de la population était incapable de faire face à une dépense inattendue de 2500 francs, et 8,9% ne pouvaient pas s'offrir une semaine de vacances hors de chez eux.
Parmi les situations les plus alarmantes, 4,1% des Suisses ne pouvaient pas se réunir en famille ou entre amis autour d'un repas une fois par mois. Cette catégorie inclut de nombreux étrangers, soulignant une disparité significative au sein de la population.
Arriérés de paiement et impact psychologique
Après avoir diminué pendant la pandémie, la proportion de la population ayant des arriérés de paiement a retrouvé son niveau d'avant-Covid. La part des personnes vivant dans un ménage ayant au moins deux types d'arriérés a atteint 6,3% en 2023, contre 4,8% un an plus tôt.
Ces problèmes financiers ont un impact direct sur le moral de la population. En 2023, 7% des Suisses éprouvaient un sentiment fréquent de découragement ou de déprime, un chiffre qui grimpe à 9,4% dans la communauté étrangère. Chez les plus jeunes, ce sentiment est particulièrement fort, avec 14,1% des élèves à l'école obligatoire se disant découragés, contre 6,1% au degré secondaire et 5,2% au degré tertiaire.
Groupes les plus vulnérables
- Retraités: Les personnes âgées sont largement les plus concernées par la pauvreté, avec 15,2% des retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté.
- Ménages monoparentaux: Les familles monoparentales avec enfants mineurs sont particulièrement touchées par la précarité.
- Personnes sans formation postobligatoire: Le manque de qualifications professionnelles augmente le risque de pauvreté.
- Ménages sans emploi: Les foyers où aucun membre ne participe au marché du travail sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté.
Ces chiffres révèlent une réalité souvent méconnue en Suisse, où la prospérité économique coexiste avec une précarité significative. Les efforts pour réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des groupes les plus vulnérables sont plus que jamais nécessaires.
