Après 20 mois d'enquête, la piste d'un meurtre en huis clos semble se préciser. Mardi matin, les grands-parents du petit Émile, ainsi que deux de leurs enfants majeurs, ont été arrêtés pour «homicide» et «recel de cadavre». Selon «Le Parisien», ce sont notamment des écoutes téléphoniques qui ont conduit à ces placements en garde à vue. Car si la famille de l'enfant s'est évertuée à donner l'image d'un clan uni dans l'adversité, l'ambiance serait tout autre en privé.
Ces derniers mois, les enquêteurs ont mis en place des écoutes téléphoniques qui ont révélé des dissensions entre les parents d'Émile et les grands-parents de celui-ci, qui en avaient la garde au moment de sa disparition, le 8 juillet 2023. Le grand-père d'Émile, Philippe V., est-il responsable de la mort du petit garçon? Un autre membre de la famille est-il impliqué? Le clan familial s'est-il mis d'accord pour passer ce crime sous silence? Autant de questions que les enquêteurs tentent d'éclaircir.
Un clan familial sous tension
Le rôle central de Philippe V.
Dès les premiers jours de l'enquête, l'ombre du soupçon planait sur le grand-père d'Émile, et pas seulement en raison de sa proximité avec l'enfant au moment de sa disparition. Cet homme de 59 ans est en effet décrit comme un patriarche autoritaire, dont le fort caractère lui vaut des dissensions avec la plupart des habitants du hameau du Haut-Vernet. Philippe V. est connu pour imposer à son épouse et au reste de sa famille une éducation stricte, basée sur une vision traditionaliste de la religion catholique.
«Je passe pour un dominant qui terrorise tout le monde. Tout cela est faux mais je m'en moque», avait-il expliqué, en septembre dernier, au média «Famille chrétienne». Dans les années 1990, Philippe V. a travaillé dans un centre international géré par la communauté traditionaliste de Riaumont, dans le nord de la France. L'homme était chargé d'y faire régner l'ordre et la discipline et selon d'anciens élèves, les violences physiques et sexuelles, voire les viols, étaient légion dans ce foyer: entre 2014 et 2017, la justice a été saisie de plusieurs plaintes en ce sens.
Une famille nombreuse et complexe
Philippe et Anne V. ont eu neuf enfants dont Marie, la mère d’Émile, aînée de la fratrie. Pendant ses vacances chez ses grands-parents, le garçonnet a côtoyé environ six oncles et tantes, certains très jeunes. D’après «Le Parisien», les autorités avaient déjà envisagé un placement en garde à vue de Philippe V. et éventuellement d’autres proches, dès le printemps de l'année dernière. Mais la découverte du crâne de l'enfant, le 1er avril 2024, avait chamboulé l'enquête.
Un passé qui interpelle
Le passé de Philippe V. et son rôle au sein de la communauté traditionaliste de Riaumont soulèvent de nombreuses questions. Les enquêteurs doivent désormais démêler les fils d'une histoire familiale complexe et marquée par des tensions internes. Les écoutes téléphoniques ont révélé des dissensions profondes au sein du clan, ce qui pourrait être la clé pour comprendre les circonstances de la disparition d'Émile.
Les prochaines semaines seront cruciales pour l'enquête, alors que les enquêteurs continuent de creuser les pistes et d'interroger les membres de la famille. La vérité sur la disparition d'Émile pourrait bien émerger des tensions et des secrets bien gardés au sein de ce clan familial.