Des milliers de personnes ont défilé samedi pour dénoncer la discrimination raciale et le fascisme, en dépit de la controverse déclenchée par une affiche LFI. Quelques dizaines de milliers de manifestants ont participé à cette mobilisation à travers la France, notamment à Marseille, Lille et Paris.
Cette manifestation, prévue de longue date pour le lendemain de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, a été organisée par des centaines de syndicats et d’associations. Cependant, elle a été marquée par une polémique autour d'une affiche de La France insoumise (LFI) présumée antisémite, mettant en scène l'animateur Cyril Hanouna.
Des manifestations contre le racisme et l'extrême droite
Mobilisation à travers la France
À Marseille, quelque 3300 personnes selon la police ont défilé en brandissant des pancartes «contre l’islamophobie d’Etat», «Tesla is the new swastika» (ndlr: croix gammée), «plus d’amour, moins de Zemmour». Le cortège était émaillé de drapeaux palestiniens et de nombreux jeunes, dont Inès Frehaut, en terminale, qui participait à sa première manifestation. «Quand on voit les propos de Bruno Retailleau sur l’islam, l’Algérie, le port du voile, c’est grave!», juge-t-elle.
À Lille, 2600 manifestants ont été comptés par la police. Parmi eux, Timeo Daramos, lycéen en première issu de l’immigration portugaise, portait une pancarte «Le fascisme n’est pas un détail de l’Histoire». «Si on ne fait rien on va se faire manger» craint-il.
À Paris, plusieurs milliers de personnes sont parties depuis la place de la République vers la Nation. Ann, une Américaine de 55 ans, a plaidé : «L’Amérique glisse vers fascisme. Nous avons besoin de manifestations comme ça aux US».
Une offensive réactionnaire dénoncée
Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, s’est indigné : «On voit bien comment il y a aujourd’hui globalement une forme d’offensive réactionnaire contre les étrangers et leurs enfants, contre les musulmans, comment on voit la remontée des nombres d’actes racistes et antisémites».
La polémique autour de l'affiche LFI
Les organisateurs ont été relégués au second plan par La France insoumise qui a élargi le mot d’ordre contre le racisme pour en faire «des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées». Aurélie Trouvé, députée LFI présente dans le cortège parisien, a justifié : «Les idées d’extrême droite contaminent jusqu’au gouvernement».
La polémique a été déclenchée par un «visuel» présentant le visage de Cyril Hanouna, animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sourcils froncés et grimace agressive. Cette représentation a valu au parti une condamnation en référé pour «atteinte (au) droit à l’image» de l’animateur – décision dont LFI a aussitôt annoncé faire appel.
La ressemblance entre cette caricature de Cyril Hanouna, juif d’origine tunisienne, et certaines affiches antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie a poussé LFI à retirer son visuel rapidement et certains cadres insoumis à reconnaître une «erreur». Cependant, Jean-Luc Mélenchon, qui s’est offert samedi un bain de foule à Marseille sans s’exprimer publiquement, a refusé tout mea culpa.
Pour bien se démarquer de LFI, Sophie Binet a souligné que «de nombreuses associations qui luttent contre l’antisémitisme (...) seront dans le carré de tête» avec les syndicats. Finalement, chacun a défilé sans se mélanger, LFI le plus souvent en queue de cortège comme à Paris.
Réactions des manifestants
- Inès Frehaut, lycéenne à Marseille : «Quand on voit les propos de Bruno Retailleau sur l’islam, l’Algérie, le port du voile, c’est grave!»
- Timeo Daramos, lycéen à Lille : «Si on ne fait rien on va se faire manger»
- Ann, Américaine à Paris : «L’Amérique glisse vers fascisme. Nous avons besoin de manifestations comme ça aux US»
Cette manifestation a montré la mobilisation de nombreux jeunes et la diversité des revendications contre le racisme et l'extrême droite, malgré la controverse autour de l'affiche LFI.