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Hausse des Français se rendant en Belgique pour l'euthanasie


En 2024, 106 Français ont été euthanasiés en Belgique, soit le double de 2022. La France débat toujours sur la légalisation de l'aide active à mourir.

Hausse des Français se rendant en Belgique pour l'euthanasie

Alors que le débat sur la fin de vie piétine en France, les personnes à passer la frontière pour mettre fin à leurs jours sont toujours plus nombreuses. Les Français continuent de représenter une énorme majorité des étrangers venant réclamer l’euthanasie en Belgique et 106 demandes ont pu aboutir en 2024, en légère hausse par rapport à l'année précédente (101) mais le double de 2022 (53), selon des chiffres publiés mercredi par l’autorité belge de contrôle de cet acte médical.

En Belgique, pays pionnier où la pratique est encadrée par la loi depuis 2002, près de 4000 euthanasies ont été enregistrées en 2024, en hausse de plus de 16% sur un an. Parmi elles, 120 ont été pratiquées sur des non-résidents, des Français dans neuf cas sur dix. Les autres pays d’origine recensés – Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Hongrie, Portugal et Angleterre – ne comptent qu’un ou deux ressortissants dans ces statistiques.

L'euthanasie en Belgique : un cadre légal bien défini

Évolution des demandes et des pratiques

Ces données constituent une évaluation «minimale», a souligné la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCE). En effet, jusqu’à une évolution juridique entrée en application en mars 2024, l’indication du lieu de résidence du patient n’était pas obligatoire dans le document d’enregistrement de l’euthanasie transmis à la commission.

Concernant les Français, les demandes qui aboutissent ne sont que «la partie émergée de l’iceberg», a relevé Jacqueline Herremans, membre de la CFCE et présidente de l’Association belge pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Cette association reçoit de France «quatre à cinq demandes par courriel chaque jour», a-t-elle précisé.

Conditions légales pour l'euthanasie

En Belgique, la demande d’euthanasie doit être «volontaire, réfléchie, répétée», «sans pression extérieure», selon un texte promulgué en mai 2002. Le geste médical a été demandé, en 2024, dans huit cas sur dix par des malades souffrant de cancer (54%) ou de polypathologie (26,8%).

L'euthanasie pour les mineurs

En 2014, la Belgique est devenue le premier pays à autoriser l’euthanasie pour les mineurs sans limite d’âge. Il y a eu un cas l’an dernier, portant à six le total depuis une décennie.

Situation en France

En France, le Parlement pourrait légaliser sous condition une «aide active à mourir», de fait une forme de suicide assisté. Le texte de loi devrait être examiné en mai à l’Assemblée nationale, où les échéances sur ce sujet ont été reportées à de multiples reprises, notamment en raison de la dissolution en 2024.

Les raisons de ce report sont multiples, mais la principale est la complexité du débat éthique et moral qui entoure la fin de vie. Les partisans de l'euthanasie et du suicide assisté argumentent que chaque individu devrait avoir le droit de choisir la manière et le moment de sa mort, surtout en cas de souffrance insupportable. Les opposants, quant à eux, craignent les dérives possibles et les pressions exercées sur les personnes vulnérables.

En attendant une évolution législative en France, de nombreux Français continuent de se tourner vers la Belgique pour mettre fin à leurs jours dans un cadre légal et encadré. Cette situation soulève des questions sur la nécessité de réformer la législation française pour répondre aux besoins et aux souhaits des citoyens en fin de vie.