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Mexico interdit les corridas avec mise à mort des taureaux


La ville de Mexico a voté l'interdiction des corridas avec mise à mort des taureaux, une décision saluée par les activistes et critiquée par les défenseurs de la tradition.

Mexico interdit les corridas avec mise à mort des taureaux

Fin d’une longue bataille: les corridas avec mise à mort des taureaux ont été interdites mardi par la ville de Mexico, fief de la plus grande arène du monde mais aussi de collectifs de défense animale très mobilisés.

Les lances, les épées et les banderilles sont désormais bannies de la Plaza de toros Monumental de Mexico (42’000 places), au terme de la proposition de la maire de gauche Carla Brugada, largement adoptée par le Parlement local (61 votes pour, un contre).

Une réforme pour protéger les droits des animaux

Les nouvelles règles en vigueur

Seul sera autorisé «l’usage de la cape et de la muleta» (drap rouge), selon le texte validé par les élus issus majoritairement du parti de gauche Morena au pouvoir. Les cornes du taureau seront protégées pour ne pas blesser d’autres animaux. Sa présence dans l’arène est limitée à 15 minutes par corrida.

Une fois le spectacle terminé, le taureau retournera dans son élevage. En bref, Mexico interdit donc «la mort du taureau à l’intérieur et à l’extérieur de l’arène». Une amende pouvant aller jusqu’à 339’000 pesos (presque 15’000 francs) est prévue en cas d’infraction à la nouvelle loi, d’après le secrétariat à l’Environnement de la ville de Mexico.

Harmonisation de la tradition culturelle

Cette réforme cherche à «harmoniser la tradition culturelle avec l’obligation constitutionnelle de reconnaître et protéger» le droit des animaux, a déclaré le député local Victor Hugo Romo, du parti Morena (Mouvement pour la régénération nationale). Il y a un an, une loi de «protection et de bien-être des animaux» avait été publiée au Journal officiel de la ville de Mexico.

«La grandiose ville de Mexico ne peut pas maintenir la cruauté comme spectacle, et encore moins la prolongation de la souffrance et la mort d’un animal pour le divertissement», avait déclaré Carla Brugada en présentant sa proposition la semaine dernière. «La culture, la musique, l’art et les droits changent, évoluent, se transforment. Et les grandes villes ont l’obligation de se transformer en même temps», avait-elle ajouté.

Impact économique et sociétal

Une nouvelle figure juridique de «spectacle taurin libre de violence» entend désormais maintenir l’activité économique du secteur. Car selon l’argument souvent avancé par le lobby pro-taurin, l’industrie de la corrida génère chaque année des millions de dollars de retombées économiques et des dizaines de milliers d’emplois.

Réunis à l’extérieur du Parlement municipal de la capitale (neuf millions d’habitants), quelques centaines d’activistes anti-corrida ont salué l’approbation de la nouvelle norme anti-mise à mort. Quelques défenseurs de la corrida se sont heurtés à un cordon policier, a constaté l’AFP.

Les organisateurs de corridas avaient dénoncé la semaine dernière dans un communiqué «une menace claire contre une des traditions culturelles les plus enracinées dans notre pays».

Contexte juridique et international

La bataille juridique sur l’interdiction des corridas dure depuis des années à Mexico. Les spectacles de taureaux avaient été interdits par un juge en mai 2022, puis permis à nouveau en décembre 2023 dans une décision de la Cour suprême. Quatre des 32 États du Mexique ont déjà banni les corridas.

Le débat existe ailleurs en Amérique latine. À Bogota (Colombie) et Quito (Équateur), il est aussi interdit de tuer les taureaux. Le Venezuela a annulé certaines corridas, tandis qu’au Pérou les tribunaux ont statué contre l’interdiction.

Sept pays autorisent les corridas avec mise à mort de taureaux: l’Équateur, l’Espagne, la France, le Mexique, le Pérou, le Portugal et le Venezuela. En France, le Sénat a rejeté en novembre une proposition de loi visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans.

La corrida est donc un sujet de débat complexe, mêlant traditions culturelles, droits des animaux et enjeux économiques. La décision de Mexico pourrait influencer d’autres villes et pays à reconsidérer leurs positions sur cette pratique controversée.