Le président angolais, Joao Lourenço, médiateur du conflit déchirant l’est de la République démocratique du Congo entre Kinshasa et le groupe armé M23 appuyé par le Rwanda, a appelé samedi à un cessez-le-feu à compter de minuit.
Joao Lourenço «appelle les parties au conflit à cesser les hostilités dans l’est de la RDC à partir de 00h00 le 16 mars 2025», indique un communiqué diffusé par Luanda, supposée accueillir à partir de mardi des «négociations de paix directes» entre le gouvernement congolais et le Mouvement du 23 mars.
Appel au cessez-le-feu et perspectives de paix
«Ce cessez-le-feu devrait inclure toutes les actions hostiles éventuelles contre la population civile ainsi que la conquête de nouvelles positions dans la zone de conflit, avec la perspective que ces initiatives et d’autres conduisent à la création d’un climat de détente qui favorise le début des pourparlers de paix», précise le texte diffusé par la présidence angolaise.
Contexte du conflit
Le président congolais Félix Tshisekedi refusait jusqu’ici de dialoguer avec le groupe antigouvernemental M23 qui, soutenu par des troupes rwandaises, a réalisé une percée éclair dans l’est de la RDC depuis le début de l’année, s’emparant de villes clefs.
Les pourparlers achoppaient sur cette question qui semble avoir connu un revirement avec l’annonce cette semaine, toujours par le médiateur angolais dans la foulée d’une visite de Félix Tshisekedi à Luanda, de «négociations de paix directes» dès mardi.
Avancées du M23 et implications régionales
Depuis janvier, les grandes villes de l’est de la République démocratique du Congo, Goma et Bukavu, région riche en ressources naturelles et proche de la frontière rwandaise, sont tombées sous le contrôle du M23, qui a repris les armes en 2021. Le M23 est appuyé par environ 4000 soldats rwandais, selon des experts de l’ONU.
Kigali a dénoncé à plusieurs reprises le refus du président Tshisekedi de dialoguer avec le groupe armé, que le chef de l’Etat congolais qualifie de «groupe terroriste» et dont il a mis la tête à prix la semaine passée.
Le Mouvement du 23 mars a lui répété en février son «engagement» à résoudre «le conflit dans l’est de la RDC par le biais d’un dialogue direct abordant les causes profondes du conflit afin d’instaurer une paix durable».
Conséquences et craintes d'escalade
Kinshasa affirme que le conflit dans l’est a coûté la vie à «plus de 7000 personnes» depuis le début de l’année, et accuse le Rwanda de vouloir exploiter les ressources minières du Nord et du Sud-Kivu. Ces chiffres n’ont pas pu être vérifiés par l’AFP.
La proximité grandissante des combats avec le Burundi, engagé militairement aux côtés des troupes congolaises, fait craindre une escalade régionale. Une vingtaine de soldats burundais ont été tués dans des affrontements lundi et mardi, ont déclaré jeudi à l’AFP deux sources militaires burundaises.
Un revirement diplomatique
Le revirement diplomatique observé cette semaine pourrait marquer un tournant crucial dans le conflit. Les négociations directes prévues à Luanda offrent une lueur d'espoir pour une résolution pacifique, même si les défis restent nombreux.
4000 soldats rwandais
La présence de 4000 soldats rwandais soutenant le M23 ajoute une dimension complexe au conflit. Le soutien militaire du Rwanda est vu comme une tentative de renforcer son influence dans la région riche en ressources naturelles.
Craintes d'une escalade régionale
Les craintes d'une escalade régionale sont justifiées par l'implication croissante de pays voisins comme le Burundi. La situation pourrait dégénérer en un conflit plus large si des mesures de désescalade ne sont pas rapidement mises en place.
En conclusion, l'appel au cessez-le-feu par le président angolais Joao Lourenço est une étape cruciale vers la paix dans l'est de la RDC. Les prochaines négociations à Luanda seront déterminantes pour l'avenir de la région.