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La Croix-Rouge alerte sur le réarmement européen et le retrait de traités


Le CICR exprime une vive inquiétude face au retrait de la Lituanie et aux discussions en Pologne sur des traités humanitaires.

La Croix-Rouge alerte sur le réarmement européen et le retrait de traités

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé jeudi une vive inquiétude face au contexte européen de réarmement, suite au retrait de la Lituanie de la convention interdisant les bombes à sous-munitions et aux discussions en Pologne sur le traité sur les mines antipersonnel.

«Alors que les États semblent se préparer à la guerre (...), nous constatons avec inquiétude une remise en question» de deux «traités humanitaires»: les conventions sur les armes à sous-munitions et sur l’interdiction des mines antipersonnel, a déclaré Cordula Droege, cheffe juridique du CICR, à des journalistes. «Il y a un peu de panique en Europe en ce moment, et je pense que les États prennent des décisions très irréfléchies», a-t-elle ajouté.

Retrait d'une convention internationale

La Lituanie et la convention sur les bombes à sous-munitions

Le 6 mars, la Lituanie a quitté la convention internationale interdisant les bombes à sous-munitions, invoquant ses préoccupations sécuritaires liées à la Russie voisine. Cette décision, inédite, a été critiquée par des organisations de défense des droits humains.

La Pologne et le traité sur les mines antipersonnel

Le lendemain, le Premier ministre polonais Donald Tusk s’est déclaré favorable au retrait de Varsovie du traité sur l’interdiction des mines antipersonnel pour augmenter les capacités de défense de la Pologne dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine.

Réactions du CICR

Une annonce «choc», a indiqué Mme Droege, et «la crainte est grande de voir que des armes qui sont stigmatisées et qui devraient continuer à l’être puissent être acceptées», rappelant que les victimes des armes à sous-munitions et des mines antipersonnel sont en grande majorité des civils, et que nombre d’entre eux sont touchés bien après la fin des conflits.

«Il faut se poser la question de savoir jusqu’où cela va aller. La prochaine étape consistera-t-elle à dire que nous avons besoin d’armes chimiques (car) elles ont une grande utilité militaire. Est-ce acceptable?» a-t-elle poursuivi.

Erik Tollefsen, responsable de l’Unité contamination par les armes du CICR, a lui expliqué que les mines antipersonnel et armes à sous-munitions ont «une certaine forme d’utilité militaire» mais présentent de nombreux inconvénients.

Il a souligné que ces armements réduisaient la marge de manœuvre des forces armées qui les utilisent et rappelé le coût élevé du déminage. Il a également affirmé que les systèmes d’autodestruction ne fonctionnent pas toujours.

«Le CICR est très inquiet», a ajouté le porte-parole principal de l’organisation, Christian Cardon. «L’impact de ces possibles retraits des conventions par certains États aurait des conséquences très graves pour de nombreux civils – à très long terme et y compris au sein même de ces pays», a-t-il averti.

Conséquences graves pour les civils

Les conséquences de l'utilisation de ces armes sont dévastatrices pour les populations civiles. Les armes à sous-munitions et les mines antipersonnel continuent de causer des victimes bien après la fin des conflits, affectant des générations entières. Les coûts humains et financiers du déminage sont également considérables.

Le CICR appelle à une réflexion approfondie sur les implications de ces décisions et à un retour aux principes humanitaires fondamentaux qui protègent les civils en temps de guerre.

En conclusion, la situation actuelle en Europe soulève des préoccupations majeures quant au respect des traités humanitaires et à la protection des civils. Les décisions prises par les États dans un contexte de panique peuvent avoir des répercussions durables et dévastatrices, mettant en péril des vies innocentes et compromettant les efforts de paix et de sécurité à long terme.