Cinq mois après les remous suscités par la cession du Doliprane à un fonds américain, Sanofi va se séparer de son usine qui fabrique l'aspirine Aspegic. Cette décision marque une nouvelle étape dans la restructuration des activités du géant pharmaceutique français, qui se concentre de plus en plus sur les médicaments et vaccins innovants.
«C'est la suite d'Opella», résume Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France, en référence à l'entité de médicaments sans ordonnance du géant pharmaceutique français, cédée avec fracas à hauteur de 50% au fonds CD&R. L'usine d'Amilly (Loiret), qui produit l'Aspegic, était déjà en danger en raison de l'absence d'investissements depuis environ un an.
La cession de l'usine d'Amilly à Astrea Pharma
Une opération planifiée pour l'automne
Sanofi a annoncé la semaine dernière qu'il allait se séparer de son usine d'Amilly, dont les produits ne rentrent plus dans sa stratégie focalisée sur les médicaments et vaccins innovants. Cette opération, planifiée pour l'automne, attribuerait à l'entreprise française Substipharm la commercialisation et le développement de trois marques : Aspegic, Kardegic et Cardirene (nom commercial du Kardegic pour l'Italie).
Reprise par une holding luxembourgeoise
Le site industriel serait en revanche repris par le sous-traitant européen de préparations pharmaceutiques Astrea Pharma, détenue par une holding luxembourgeoise créée par le groupe Chevrillon associé à l'ex-journaliste Elie Vannier et aux frères Dimitris et George Marinopoulos, issus d'une famille d'investisseurs grecs.
Impact sur l'emploi et les activités
Sanofi assure que cette opération n’aurait «aucun impact sur l’emploi» et que «de nouvelles activités et volumes» seraient générés par le repreneur. Cependant, Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France, exprime des doutes : «On n'a sur la table ni les engagements d'investissement nécessaires, ni les volumes qu'ils veulent ramener». Des débrayages ont lieu depuis le 5 mars ainsi qu'un piquet de grève devant le site qui emploie 276 collaborateurs.
Inquiétudes et réactions politiques
La cession des activités de distribution du site amillois au groupe DHL l'an dernier avait déjà provoqué des inquiétudes chez les salariés. La vente programmée de l'usine, créée en 1961, s'est invitée dans le débat politique, sans faire de vagues par rapport à l'émotion provoquée par la vente de l'emblématique Doliprane, médicament de loin le plus prescrit en France.
«L'impact Doliprane n'est pas le même que l'impact Kardegic/Aspegic, en termes de volume de ventes» et de popularité auprès des patients, reconnait Fabien Mallet. Il juge cependant «problématique» que «Sanofi vire tous ses médicaments matures» parce qu'une fois sortis du giron du groupe, nul ne sait si «l'acteur auquel ils ont été vendus aura les reins assez solides pour les maintenir sur le marché».
Liste des préoccupations des salariés
- Absence d'investissements depuis un an
- Inquiétudes sur les engagements d'investissement et les volumes de production
- Impact potentiel sur l'emploi malgré les assurances de Sanofi
- Préoccupations sur la capacité du repreneur à maintenir les médicaments sur le marché
Cette cession marque une nouvelle étape dans la restructuration de Sanofi, qui continue de se concentrer sur les médicaments et vaccins innovants, laissant derrière elle des médicaments matures mais populaires comme l'Aspegic et le Doliprane.