Les plans directeurs, d'ordinaire, ont plutôt trait aux routes ou aux constructions. Mais voici qu'a déboulé ce jeudi un plan directeur de l'innovation, illustrant l'importance que souhaite lui accorder l'Etat. «J'ai identifié l'innovation comme l'une des priorités économiques du canton, a exposé la conseillère d'Etat Delphine Bachmann (Le Centre). Il s'agit d'un levier qui transforme les modèles d'affaires, répond aux grandes transitions, permet la création d'emplois et la prospérité.» La magistrate chargée du Département de l'économie et de l'emploi (DEE) a donc présenté un plan pour soutenir et attirer les entreprises qui élaborent les technologies de demain.
Le Plan Directeur de l'Innovation de Genève
Financement et Soutien aux Start-up
Financement, infrastructures, écosystème et formation sont les quatre axes du plan. Il s'agit ainsi, notamment, d'accorder bourses ou prêts aux start-up prometteuses durant leur phase «d'amorçage» - lorsqu'obtenir de l'argent privé est ardu. L'Etat entend prêter «le premier franc» aux jeunes pousses pour «les dérisquer» aux yeux des investisseurs. Jusqu'à présent, «chaque franc investi par le Fonds Innovation Fongit (FIF) a attiré entre 23 et 30 francs issus de fonds privés», expose Denis Cavin, attaché aux affaires économiques. Ce fonds, qui devient un fond cantonal d'investissement accessible aux chercheurs, aux start-up, aux scale-up (entreprises en phase d'industrialisation) et aux PME, verra son budget doubler à 2 millions de francs. Il constitue la clé de voûte du système.
Accès aux Technologies de Pointe
Le Canton veut aussi favoriser l'accès aux plateaux technologiques du Campus biotech, qui détient des équipements de pointe hors de prix. Aucune société émergente n'a les moyens de les acheter, or ils sont indispensables au développement des idées novatrices, surtout en sciences de la vie. «Il s'agit de technologies uniques en Suisse, mais un peu sous-exploitées. Le défi consiste à faciliter leur accès.»
Infrastructures Dédiées à l'Innovation
Sur le plan des infrastructures, l'Etat va notamment réserver quatre étages (3500 m2) dédiés aux start-up dans un nouveau bâtiment qui sera accolé au Campus biotech d'ici la fin de l'année. Il cherche aussi un lieu, au centre-ville, où installer plusieurs acteurs de l'innovation, via des aides au loyer. L'idée est de les rendre visibles et d'y favoriser les synergies.
Écosystème et Attraction des Acteurs Internationaux
Concernant «l'écosystème», il s'agit «d'attirer à Genève des acteurs à très haute valeur ajoutée», explique Kustrim Reka, lui aussi attaché aux affaires économiques. Le postulat, c'est que l'innovation nourrit l'innovation, et qu'il faut atteindre une masse critique pour faire tourner la machine correctement. «On ne va pas l'atteindre juste avec des sociétés locales.» Il s'agira donc d'identifier «les chaînons manquants» et d'aller les draguer à l'étranger, via des missions économiques.
Formation et Sensibilisation à l'Entrepreneuriat
Quant à la formation, le DEE juge qu'il faut sensibiliser les jeunes à l'entrepreneuriat («apprendre la prise de risque et l'acceptation de l'échec», développe-t-il dans la brochure égrenant le plan complet). L'âge idéal pour le faire serait 12-15 ans. Une projet pilote sera lancé à la rentrée dans «trois ou quatre cycles d'orientation, dans le cadre du cursus normal», où des spécialistes interviendront en classe.
Mesures Concrètes
Accorder des bourses et des prêts aux start-up prometteuses est une première mesure concrète. Le Canton veut également faciliter l'accès aux technologies de pointe en rendant les équipements du Campus biotech plus accessibles. Enfin, le plan inclut des efforts pour attirer des sociétés étrangères afin de créer un écosystème dynamique et innovant.
Ce plan directeur de l'innovation illustre la détermination de Genève à se positionner comme un leader dans le domaine des nouvelles technologies, en soutenant les start-up locales et en attirant des acteurs internationaux de haut niveau.
