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Singapour envisage la bastonnade pour lutter contre les arnaques en ligne


Face à une hausse de 70% des escroqueries, Singapour prévoit des peines sévères et appelle Telegram à renforcer ses mesures de vérification.

Singapour envisage la bastonnade pour lutter contre les arnaques en ligne

Face à la multiplication des arnaques, notamment via les réseaux sociaux, orchestrées par des organisations criminelles, Singapour a annoncé mardi envisager de punir de coups de bâton les auteurs d’escroqueries. Selon des chiffres de la police, au moins 1,1 milliard de dollars singapouriens (732 millions de francs) ont été détournés par ce genre d'arnaques en 2024, soit 70% de plus que l’année précédente.

«Nous allons envisager (des peines) de bastonnade pour certaines infractions liées à l’escroquerie, à la lumière du grave préjudice qu’elles peuvent causer», a déclaré la ministre d’État aux Affaires intérieures et au Développement social et familial, Sun Xueling.

Mesures de Protection et Évolutions des Stratégies Criminelles

Transferts en cryptomonnaies

Bien que plusieurs mesures de protection soient déjà en place dans le secteur bancaire, les escrocs continuent d’améliorer leur stratégie afin de les déjouer. Les criminels ont par exemple «commencé à demander aux victimes de convertir leur argent en cryptomonnaies avant d’effectuer les transferts, échappant ainsi à nos garanties bancaires», a déclaré la ministre, ajoutant que les cas liés aux cryptomonnaies représentaient près de 25% de toutes les pertes dues aux escroqueries.

Telegram appelé à prendre des mesures

Le nombre d’escroqueries signalées via la plateforme de messagerie Telegram, qui offre l’anonymat aux utilisateurs, a presque doublé en 2024, a ajouté Sun Xueling. Elle a exhorté Telegram à adopter des mesures de vérification plus strictes, ajoutant que le gouvernement étudiait «les leviers législatifs pour garantir la conformité».

Usines de cyber-fraudes

Des centres d’escroquerie en ligne, qui attirent des travailleurs de la région, avec des promesses de salaire élevé à l’appui, se sont multipliés en Asie du Sud-Est. Ces travailleurs, privés de tout droit et de passeport, sont ensuite contraints de monter des escroqueries en ligne. Les Nations Unies estiment que jusqu’à 120'000 personnes, dont de nombreux Chinois, pourraient travailler dans les nombreuses usines de cyber-fraude en Birmanie.

Le mois dernier, des centaines de ressortissants chinois ont été secourus et renvoyés dans leur pays depuis la Birmanie via la Thaïlande.

Efforts d'éducation et sensibilisation

Ces dernières années, les autorités de la cité-Etat ont intensifié leurs efforts d’éducation du public contre les escroqueries, notamment en mettant en place une ligne d’assistance contre les escroqueries.

L’an passé, l’ex-Premier ministre, Lee Hsien Loong, avait indiqué avoir été lui-même victime d’une arnaque car un article qu’il avait commandé en ligne n’était jamais arrivé, soulignant à quel point ce problème touchait tous les secteurs de la société.

Impact et réactions

Les mesures envisagées par Singapour, notamment les peines de bastonnade, montrent la gravité avec laquelle le gouvernement traite ce problème. Cependant, ces mesures suscitent également des débats sur l'efficacité et l'éthique des châtiments corporels dans la lutte contre la cybercriminalité.

En conclusion, la situation à Singapour illustre les défis complexes posés par les escroqueries en ligne et la nécessité de mesures robustes pour les contrer. Les efforts combinés des autorités, des plateformes de messagerie et des initiatives internationales seront cruciaux pour endiguer ce fléau.