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Les «Strava jockeys» : courir pour de l'argent et tricher sur l'application


Des sportifs se font payer pour courir à la place de riches paresseux. Une pratique en expansion qui soulève des questions éthiques.

Les «Strava jockeys» : courir pour de l'argent et tricher sur l'application

Vous courez vite et ça vous tente de gagner de l'argent pour effectuer ce hobby? Devenez un «Strava jockey». Mais de quoi on parle? En gros, c'est vous qui sortez courir ou optez pour un tour à vélo en échange d'un peu d'argent de la part de riches paresseux à qui vous transmettez vos résultats. Du fond de leur canapé, ceux-ci peuvent ainsi s'enorgueillir à peu d'efforts de leurs statistiques sur l'application sportive, créée par deux anciens étudiants de Harvard il y a plus de quinze ans et utilisée aujourd'hui par plus de 100 millions de personnes dans le monde.

En Indonésie, la pratique est particulièrement répandue chez les jeunes précaires fadas de sport, selon le journal «L'Équipe». L'une de ces «mules» témoigne ainsi à la télévision nationale: «Mon passe-temps est de courir, alors j'ai pensé que je devrais profiter de la situation et en faire un business.» Et avec ce système rémunéré au kilomètre, plus vous courez à un rythme soutenu, plus vous palpez, mais il n'y a pas de quoi exulter, car les sommes récoltées ne sont jamais mirobolantes.

La combine arriverait désormais en Europe. Sur X, on trouve par exemple le profil @StravaJockeyFr, à Paris, qui écrit en présentation: «I run so you don’t have to!» («Je cours pour que tu n'aies pas à le faire!»).

Cela pose la question de la relation toxique que certaines personnes entretiennent avec l'application. Il semblerait en effet qu'on marche sur la tête.

Une pratique en pleine expansion

Comment ça marche?

Le principe est simple: vous payez quelqu'un pour qu'il coure à votre place, et vous affichez ses résultats sur votre profil Strava. Les «Strava jockeys» sont des coureurs ou des cyclistes qui se font rémunérer pour leurs efforts physiques. Ils enregistrent leurs performances et les transmettent à leurs clients, qui peuvent ainsi se vanter de leurs exploits sportifs sans avoir à fournir le moindre effort.

Pourquoi cette pratique séduit-elle?

Plusieurs raisons peuvent expliquer l'attrait de cette pratique:

  • La compétition sociale: Strava est une application où les utilisateurs peuvent comparer leurs performances avec celles de leurs amis ou de leurs rivaux. Afficher de bons résultats peut être une source de fierté et de reconnaissance sociale.
  • La paresse: Pour certains, l'idée de faire de l'exercice est tout simplement rebutante. Payer quelqu'un pour le faire à leur place leur permet de continuer à impressionner leur entourage sans avoir à se fatiguer.
  • Le gain financier: Pour les «Strava jockeys», c'est une opportunité de monétiser leur passion pour le sport. Même si les sommes gagnées ne sont pas toujours élevées, cela peut représenter un complément de revenu non négligeable.

Les risques et les critiques

Cette pratique n'est pas sans risques et soulève plusieurs critiques:

  • La tricherie: Utiliser les résultats de quelqu'un d'autre pour se valoriser est une forme de tricherie. Cela peut nuire à la crédibilité de l'application et à la confiance entre les utilisateurs.
  • La dévalorisation de l'effort: En externalisant l'effort physique, on dévalorise le mérite de ceux qui s'entraînent réellement et qui obtiennent leurs résultats grâce à leur propre travail.
  • La relation toxique avec l'application: Cette pratique peut renforcer une relation malsaine avec Strava, où l'apparence et la reconnaissance sociale prennent le pas sur le plaisir et les bienfaits de l'exercice physique.

En conclusion, payer quelqu'un pour courir à votre place sur Strava est une pratique qui gagne en popularité, mais qui pose de sérieuses questions éthiques et sociales. Si vous êtes tenté par l'idée de devenir un «Strava jockey» ou de faire appel à l'un d'eux, réfléchissez bien aux implications avant de vous lancer.