Première cause de mortalité féminine en France et en Europe, loin devant le cancer du sein, l’infarctus du myocarde est beaucoup moins bien pris en charge chez les femmes que chez les hommes, constate l’Académie de médecine, qui formule des recommandations pour corriger cette inégalité.
L’infarctus ou crise cardiaque – une destruction du muscle cardiaque qui provoque une douleur thoracique -, nécessite d’appeler le 15 pour une prise en charge rapide dans un centre spécialisé, où la circulation sanguine sera rétablie dans l’artère coronaire obstruée (angioplastie) et non aux urgences ou chez un généraliste, souligne-t-elle.
Les inégalités de prise en charge chez les femmes
Retard de prise en charge par rapport aux hommes
Or les femmes victimes d’un infarctus sont prises en charge en moyenne 30 minutes plus tard que les hommes, puis elles pâtissent d’un retard de diagnostic des services d’urgence, tandis que leur mortalité hospitalière, en France, est plus de deux fois supérieure (9,6% contre 3,9%) à celle des hommes, constate le rapport de l’Académie de médecine publié lundi.
En outre, elles bénéficient «significativement moins» que les hommes du traitement optimal post infarctus recommandé en Europe et aux États-Unis, incluant statines et bêtabloquants, ainsi que de l’accès à la réadaptation. Ces inégalités et cette surmortalité existent dans les mêmes proportions aux États-Unis et au Moyen-Orient.
Perception fausse d'une «maladie masculine»
Pour expliquer ces retards, l’Académie évoque notamment des différences anatomiques entre les artères coronaires des femmes, «plus petites et plus sinueuses» que celles des hommes, qui peuvent compliquer le traitement immédiat et «augmenter le taux de complication» chez elles.
D’autant qu’elles sont sous-représentées dans les études note le rapport, appelant à développer une recherche spécifique aux femmes dans le domaine des maladies cardiovasculaires.
Le rapport préconise de mieux former les cardiologues aux causes particulières de l’infarctus chez la femme, d’autant que, source de «préoccupation majeure», l’incidence de l’infarctus chez les femmes jeunes non ménopausées a bondi de 25% ces dernières années en France – comme dans d’autres pays.
La perception de l’infarctus, comme une maladie «principalement masculine» explique que les femmes, peu conscientes d’être exposées à ce risque, appellent les services médicaux d’urgence plus tardivement, dit le rapport.
Or ces derniers «ne pensent pas à la possibilité qu’une femme non ménopausée puissent être victime d’un infarctus»: ils doivent être sensibilisés aux «facteurs de risques spécifiques aux femmes», peu recherchés. Des protocoles de soins tenant compte des particularités anatomiques et des causes spécifiques de l’infarctus chez les femmes doivent voir le jour et les techniques de prise en charge être améliorées, dit le rapport.
Les violences physiques augmentent le risque
Un facteur de risque peu connu doit être recherché: les femmes victimes de violences physiques ont une «augmentation significative» de maladie cardiovasculaire. Chaque jour en France, 200 femmes décèdent d’une maladie cardiovasculaire.
Pour réduire ces inégalités, il est crucial de sensibiliser le public et les professionnels de santé aux spécificités de l’infarctus chez les femmes. Voici quelques recommandations clés :
- Développer une recherche spécifique aux femmes dans le domaine des maladies cardiovasculaires.
- Mieux former les cardiologues aux causes particulières de l’infarctus chez la femme.
- Sensibiliser les services d’urgence aux facteurs de risques spécifiques aux femmes.
- Mettre en place des protocoles de soins adaptés aux particularités anatomiques et aux causes spécifiques de l’infarctus chez les femmes.
En conclusion, l’infarctus du myocarde reste une menace majeure pour la santé des femmes. Une meilleure prise en charge et une sensibilisation accrue sont essentielles pour réduire les inégalités et améliorer les chances de survie.