Deux étudiants, reconnus coupables de relation homosexuelle par un tribunal islamique de la province d’Aceh, en Indonésie, ont été condamnés à 165 coups de fouet, a rapporté lundi le procureur. Ce châtiment est dénoncé de longue date par les défenseurs des droits humains. Si les relations entre personnes de même sexe ne sont pas illégales ailleurs en Indonésie, elles sont condamnables dans la province ultraconservatrice d’Aceh, la seule à imposer la charia dans le pays à majorité musulmane.
Les deux étudiants avaient été arrêtés en novembre par la police alors qu’ils se trouvaient ensemble dans une chambre d’hôtel louée à Banda Aceh, dans l’ouest du pays. «Les juges du tribunal islamique ont puni le couple, accusé de sodomie et condamné à des coups de fouet», a indiqué lundi à l’AFP Alfian, procureur du district de Banda Aceh qui ne se présente que sous un seul nom.
Condamnation et Peine
«AI (le premier homme) a été condamné à 85 coups de fouet, tandis que DA (le deuxième) à 80». L’un des deux hommes recevra cinq coups de fouet supplémentaires car «il avait loué la chambre et était l’initiateur de l’acte», a-t-il ajouté. Le procureur a déclaré que les coups de fouet pourraient avoir lieu avant ou après le mois sacré du Ramadan, qui commencera en mars.
Précédents et Contexte
En 2021, deux Indonésiens accusés d’avoir entretenu des relations homosexuelles avaient reçu près de 80 coups de fouet chacun. La province d’Aceh a commencé à appliquer la charia après avoir obtenu une autonomie spéciale en 2001, dans le cadre d’une tentative du gouvernement central de réprimer une insurrection séparatiste de longue date.
Autres Délits et Sanctions
Des délits tels que le jeu, l’adultère et la consommation d’alcool sont aussi régulièrement sanctionnés de coups de bâton ou de fouets en public. En janvier, quatre hommes ont été fouettés à Aceh pour s’être livrés à des jeux d’argent en ligne. Les organisations de défense des droits humains condamnent la bastonnade publique mais elle bénéficie d’un fort soutien au sein de la population locale.
Réactions et Critiques
Les défenseurs des droits humains ont toujours critiqué la province d'Aceh pour ses pratiques punitives sévères. Ils estiment que ces châtiments violents sont contraires aux droits humains et à la dignité des personnes. Cependant, malgré ces critiques, la population locale continue de soutenir ces mesures, argueant qu'elles sont nécessaires pour maintenir l'ordre moral et religieux.
Cette condamnation soulève une fois de plus la question de la compatibilité entre les lois religieuses strictes et les droits fondamentaux des individus. La communauté internationale continue de surveiller de près la situation à Aceh, espérant des réformes qui pourraient mieux protéger les droits de tous les citoyens, indépendamment de leur orientation sexuelle.