Elle sourit à pleines dents devant une marée de drapeaux tricolores noir, rouge et or agités par des militants euphoriques: à 46 ans, Alice Weidel a offert à l’extrême droite allemande son meilleur score de l’après-guerre aux législatives.
Et elle ne compte pas s’arrêter là. Après avoir gagné en notoriété en faisant campagne sans édulcorer la radicalité de son programme, elle a déjà en ligne de mire les prochaines élections dans quatre ans. Son objectif: emmener son parti, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), à la première place, en dépassant les conservateurs. «Elle est surtout extraordinairement flexible et avide de pouvoir», explique le professeur Wolfgang Schroeder de l’Université de Cassel.
Un profil atypique au sein de l'AfD
Une leader hors norme
Lesbienne affichée vivant en Suisse avec une partenaire d’origine sri-lankaise, mère de leurs deux enfants, le profil de cette blonde au chignon toujours tiré à l’allure bourgeoise détonne dans ce parti nationaliste aux valeurs ultraconservatrices et à l’électorat populaire.
«Pendant cette campagne électorale, elle est clairement devenue la reine sans couronne de l’AfD», estime Wolfgang Schroeder. Elle a pu compter sur un soutien sans faille de l’entourage du président américain Donald Trump, dont Elon Musk et JD Vance. Cette ingérence dans les législatives allemandes a sidéré les autres partis.
Soutien international
Le 12 février dernier, elle s’est aussi affichée à Budapest avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui l’a décrite comme «le futur de l’Allemagne».
Cette rencontre a semblé rompre l’isolement de son parti après son exclusion en mai 2024, pour radicalité excessive, du groupe au Parlement européen qui rassemblait le parti de Viktor Orban et celui de la Française Marine Le Pen.
Normalisation de l'AfD
Consécration: elle a été invitée à débattre sur les plateaux TV avec les principaux candidats à la chancellerie, donnant «l’impression que l’AfD est un parti comme les autres» et «contribuant à sa normalisation», juge l’hebdomadaire Der Spiegel.
Parcours et influences
Issue d’un milieu aisé, cette ancienne membre du parti libéral pro-business FDP, adhérente à l’AfD dès sa création, a dit dans le passé avoir pour modèle Margaret Thatcher et sa restructuration à marche forcée de l’économie britannique.
Parlant couramment le mandarin, Alice Weidel, qui a vécu en Chine et aux États-Unis, a un profil nettement plus international que beaucoup de membres de l’AfD. Elle a grandi en Rhénanie du Nord-Westphalie, à l’Ouest, alors que son mouvement est surtout fort dans l’Est du pays, l’ancienne RDA communiste.
Origines familiales
Son père vendait des meubles, tandis que sa mère était femme au foyer, élevant ses trois enfants. Après la Seconde Guerre mondiale, sa famille paternelle avait été expulsée de Silésie (dans l’actuelle Pologne), une éviction vécue comme une injustice par ses grands-parents à l’image de nombreux Allemands originaires de ces territoires perdus.
Elle compte dans cette famille un grand-père qui fut un juge nazi, en poste dans l’actuelle Pologne, et membre des SS. De son passé, Alice Weidel dit qu’elle ne savait rien.
Radicalisation et positions politiques
Malgré la radicalisation continue de l’AfD - d’abord eurosceptique avant de devenir antimigrants, climatosceptique et prorusse -, cette docteur en économie passée par la banque Goldman Sachs s’est coulée dans le moule, contrairement à d’autres anciens membres «expurgés».
Elle assume ainsi pleinement l’idée de la «remigration», c’est-à-dire l’expulsion massive de personnes étrangères, voire d’origine étrangère. Cette mère de deux garçons de 8 et 12 ans s’est également dite convaincue que les couples homosexuels devraient bénéficier des mêmes droits que les autres. Une position qui n’est pas, selon elle, en contradiction avec le programme de l’AfD. Celui-ci dit pourtant que le seul modèle familial est constitué d’un père et d’une mère.
D'une famille aisée
Alice Weidel provient d'un milieu aisé, ce qui lui a permis de bénéficier d'une éducation de qualité et de nombreuses opportunités professionnelles. Son parcours académique et professionnel témoigne de son ambition et de sa détermination.
Pour les droits des homosexuels
Bien que son parti soit souvent perçu comme ultraconservateur, Alice Weidel défend les droits des homosexuels. Elle croit fermement que les couples homosexuels devraient avoir les mêmes droits que les couples hétérosexuels, une position qui contraste avec le programme officiel de l'AfD.
En conclusion, Alice Weidel représente une figure complexe et controversée au sein de l'AfD. Son profil atypique et ses positions politiques radicales en font une leader incontournable de l'extrême droite allemande, prête à tout pour atteindre ses objectifs.