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Andranic Manet brille à la Berlinale avec «Ari» de Léonor Serraille


L'acteur français de 28 ans incarne un professeur en burn-out dans ce film qui explore le mal-être de la génération des 20-30 ans.

Andranic Manet brille à la Berlinale avec «Ari» de Léonor Serraille

Andranic Manet, l'acteur français de 28 ans, est en compétition à la Berlinale avec «Ari», un film signé Léonor Serraille. Dans ce portrait subtil et tendre, Manet incarne un jeune professeur des écoles stagiaire, doux et déboussolé, emblématique de la génération des 20-30 ans. Fils d’exilés russes formé au théâtre, Manet confirme son statut d’étoile montante du cinéma hexagonal après ses premiers rôles dans «Mes provinciales» et «La Récréation de juillet». Mais ce n'est pas tout, l'acteur est aussi magnétique en jeune prof paumé qu’en rappeur ou dans la peau de Poutine.

Le film «Ari» explore les thèmes du mal-être et de la quête de soi à travers le personnage d'Ari, un jeune professeur des écoles en plein burn-out. Andranic Manet nous parle de son approche pour capturer l'intensité de la dépression de son personnage et de la manière dont il s'efforce de renouer le contact avec ses amis pour retrouver le sens des relations et du partage.

Un portrait de la génération des 20-30 ans

Le mal-être du personnage d'Ari

Quand on rencontre Ari, on a la fausse impression qu'il n'est pas fait pour être prof. Andranic Manet explique comment il a appréhendé le mal-être du personnage : «Au début, on assiste à l'effondrement de ce jeune professeur des écoles dans le cadre d'une inspection de travail. Ari n'est-il pas à la bonne place dans cette fonction ou dans sa vie? Je pense qu’il est fait pour être prof, mais se cherche encore et est en burn-out. Le challenge, c'était de capturer l'intensité d’une dépression. C'est une incapacité à se projeter, à se connecter aux autres. Il s’efforce de renouer le contact avec des amis pour retrouver le sens des relations, du partage.»

Une génération en quête de sens

Le film brosse aussi le portrait d’une génération. Andranic Manet reconnaît dans le film des discussions qu'il a pu avoir sur la Troisième Guerre mondiale, le rapport à l’argent, le télétravail qui fait chier. Il explique : «On nous traite parfois de ‘génération pourrie’ dans ce monde où les gens perdent un peu pied, dans cette époque anxiogène marquée par l’insécurité et les changements radicaux de nos habitudes de vie. On est beaucoup plus connectés par les réseaux sociaux. C’est aussi une façon de raconter une génération qui s’émancipe autrement.»

L'âme slave et les choix de rôles

Andranic Manet dit avoir une âme slave, donc tourmentée. Est-ce que cela se reflète dans ses choix de rôles? «Sans doute, inconsciemment. L'âme slave, c'est dur à expliquer. Tourmenté, oui, mais pas que dans la noirceur. Je suis constamment dans la réflexion, la curiosité, le besoin de perfectionnement. Je reconnais beaucoup ça chez les artistes russes, une sorte d’exigence avec eux-mêmes. Je suis très exigeant avec moi-même, mais j'essaie d'être généreux avec les autres. J’apporte une lumière à un personnage sombre, mon côté badin à un rôle d’antagoniste, un contrepoint qui amène de la complexité.»

Incarner Poutine sur scène

Andranic Manet a incarné Poutine sur scène dans «Le Mage du Kremlin» l’an dernier. Il raconte : «C’était réjouissant, bizarrement, de jouer une figure diabolique qui existe réellement aujourd'hui. Pas facile aussi parce que les gens s'imaginent Poutine comme quelqu'un de très fort, d'éloquent et de brillant. En fait, il est assez ennuyeux, avec son costume de commis voyageur qui pue la raideur et l’ennui. Il n'a pas le magnétisme d’un leader napoléonien ou mussolinien. À défaut d’envolées lyriques ou de dons oratoires, j’ai dû trouver une façon plus intériorisée, froide et mordante d’incarner le personnage.»

Du sport au rap, puis au théâtre

Andranic Manet envisageait d’être sportif, puis rappeur avant de devenir acteur. Il se souvient : «Je me suis blessé à 16 ans, quand je faisais beaucoup de sport, et cela m'a un peu immobilisé. J’ai commencé alors à écrire et enregistrer mes premières chansons de rap. Ensuite, j'ai fait de la scène, des joutes verbales, des premières parties de concerts. Et puis je me suis dirigé vers le théâtre. J'ai touché à plein de trucs, ce qui est une bonne chose pour être acteur.»

Revoir ses origines dans «Le Monde de demain»

Dans la série sur la naissance du hip-hop français «Le Monde de demain», Andranic Manet incarnait le DJ Dee Nasty. Il décrit cette expérience : «C'était chouette aussi parce que ce rôle m’a permis de revenir à mes origines. J’ai grandi dans la banlieue et la solidarité est un de mes piliers. Dans le rap ou sur les tournages, j'aime m’entourer de gens généreux et solidaires. Quand tu arrives à Paris de la banlieue, tu sens que c'est une société un peu cloisonnée et forcément élitiste. Mais je pense que cette génération est super et beaucoup plus ouverte.»

Andranic Manet, avec son âme slave et sa polyvalence, continue de briller sur les écrans et sur scène, apportant une profondeur et une complexité à chaque rôle qu'il incarne.