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John Mark Dougan, ex-shérif américain, cible les élections allemandes pour le Kremlin


L'ancien shérif-adjoint américain, réfugié en Russie, utilise un réseau de sites de propagande pour influencer les élections législatives allemandes.

John Mark Dougan, ex-shérif américain, cible les élections allemandes pour le Kremlin

Ancien shérif-adjoint américain réfugié en Russie, John Mark Dougan est devenu le troll en chef d'un large réseau de sites de propagande qui cible, à grand renfort d'intelligence artificielle, les élections allemandes pour le compte du Kremlin, selon des chercheurs spécialisés dans la désinformation.

Après avoir déjà sévi pendant les élections américaines de 2024, l'ex-Marine, qui s'était exilé en Russie pour échapper à des poursuites pour extorsion, a eu recours ces dernières semaines aux mêmes recettes pour parasiter la campagne des élections législatives qui s'achève dimanche, affirment l'organisation américaine Newsguard et le média allemand Correctiv.

Les tactiques de désinformation de John Mark Dougan

Propagande anti-immigration et eurosceptique

Selon leur enquête, grâce à plus d'une centaine de faux sites de médias allemands alimentés en articles par l'IA, le réseau de Dougan a notamment promu des contenus anti-immigration ou eurosceptiques favorables au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Le réseau s'attaque aussi aux partis qui soutiennent l'Ukraine et l'OTAN, expliquent Newsguard et Correctiv.

Fausses accusations et rumeurs

Son site «Echo der Zeit» («Echo du temps») est ainsi derrière de fausses accusations d'agression sexuelle visant le candidat écologiste Robert Habeck. L'analyste de Newsguard McKenzie Sadeghi pointe des similitudes évidentes avec les attaques en 2024 contre le candidat américain à la vice-présidence Tim Walz, accusé sans fondement d'agression sexuelle sur une étudiante.

Une autre fausse information colportée par le réseau de Dougan a prétendu que l'Allemagne prévoyait de faire venir 1,9 million de travailleurs kényans. Elle avait aussi été largement diffusée sur des sites d'actualité africains, selon une vieille tactique utilisée pour masquer les origines russes de la désinformation, relève Sadeghi. Les auteurs du rapport citent également l'exemple d'un prétendu scandale de corruption de 100 millions d'euros (94 millions de francs) à propos de toiles manquantes au musée d'art Gemäldegalerie de Berlin, qui cherchait à atteindre des politiques allemands tels que Habeck et la députée écologiste Claudia Roth.

Dénégations et preuves accablantes

L'ancien shérif adjoint de Floride conteste les accusations des chercheurs qui sont, selon lui, «inventées». «En fait, je trouve que le gouvernement russe est plutôt inutile pour quoi que ce soit, c'est une bande de bureaucrates idiots qui ne font jamais rien. Donc, je ne sais pas pourquoi tout le monde pense que je travaille pour eux», a-t-il répondu à NewsGuard dans un message écrit le mois dernier.

Mais des documents des services secrets européens cités par le «Washington Post» décrivent Dougan comme un propagandiste du Kremlin payé directement par le renseignement militaire russe (GRU). Et le géant de la tech Microsoft, plusieurs médias américains et le collectif russophone de lutte contre la désinformation Projet Gnida ont pointé la participation de Dougan à l'opération de propagande russe Storm-1516. «John Dougan joue le rôle de figure de proue dans cette opération», a assuré à l'AFP Alex Liberty, du Projet Gnida.

Réactions des autorités allemandes

Les services de sécurité allemands ont averti que la Russie et ses sympathisants pourraient intensifier leurs interférences pour renforcer les extrêmes et semer le doute sur le processus démocratique. Le ministère de l'Intérieur allemand a même mis en place une task force pour prendre «les mesures de protection nécessaires» contre la désinformation, le sabotage, l'espionnage et les cyberattaques.

McKenzie Sadeghi relativise toutefois la portée des efforts de désinformation en Allemagne du réseau Dougan, moins efficaces selon elle que ses campagnes aux États-Unis, où ses fausses nouvelles recueillaient des dizaines de millions de vues et visaient des politiques de haut niveau. «Le manque apparent de familiarité de Dougan avec les nuances culturelles et politiques allemandes ainsi qu'un plan d'action qui a été maintes fois dévoilé ont rendu ses campagnes plus faciles à identifier et à rejeter», estime l'analyste de Newsguard.

Fausses accusations d'agression sexuelle

Les fausses accusations d'agression sexuelle sont une tactique récurrente dans les campagnes de désinformation de Dougan. Ces accusations visent à discréditer des candidats politiques et à semer la confusion parmi les électeurs.

Figure de proue

John Dougan est décrit comme une figure de proue dans les opérations de propagande russe. Son rôle central dans ces campagnes de désinformation souligne l'importance stratégique qu'il représente pour le Kremlin.

Intensification des interférences russes

Les interférences russes dans les élections allemandes sont une préoccupation majeure pour les autorités. La mise en place d'une task force par le ministère de l'Intérieur allemand montre la détermination du gouvernement à contrer ces menaces.