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RDC: Le M23 et les forces rwandaises s'emparent de l'aéroport de Bukavu


L'ONU appelle à éviter une escalade régionale alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, progressent dans le Sud-Kivu après avoir pris le contrôle de l'aéroport.

RDC: Le M23 et les forces rwandaises s'emparent de l'aéroport de Bukavu

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé samedi devant l’Union africaine sa volonté d’éviter «à tout prix une escalade régionale» dans le conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette déclaration intervient alors que des combattants du M23, alliés à des troupes rwandaises, ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, et ont pénétré dans la ville.

Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a pris fin janvier le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu. Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2’900 morts, selon l’ONU.

La situation critique à Bukavu

Prise de l’aéroport et avancée dans la ville

Vendredi, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, un site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises. Selon des sources sécuritaires et humanitaires, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest. La chute imminente de Bukavu donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du Lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise.

Réactions et soutiens internationaux

En face, l’armée congolaise est notamment soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises. Des tirs sporadiques ont résonné encore à Bukavu samedi matin, selon des journalistes de l’AFP. Les habitants restent majoritairement terrés chez eux, les rues sont quasi désertes et des pillages ont été signalés.

La situation humanitaire dans l’est de la RDC est «très précaire», s’est alarmée samedi auprès de l’AFP la Première ministre congolaise Judith Suminwa Tuluka. Tandis que le secrétaire général de l’ONU a exhorté à «respecter» la «souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC», l’Union européenne a dit examiner «en urgence» toutes les options.

Réactions de l’Union européenne et de la France

«La violation en cours de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse», a affirmé samedi sur X un porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant des «forces du M23, soutenues par le Rwanda». «L’UE examine en urgence toutes les options à sa disposition», a-t-il poursuivi.

Pour Antonio Guterres, interrogé par l’AFP lors d’une conférence de presse, «la clé de la solution du problème» en RDC est en Afrique.

Paris a de son côté appelé samedi à l’arrêt «immédiat» de l’offensive du M23 sur Bukavu et demandé «le retrait sans délai» des forces rwandaises soutenant ce groupe armé. «J’ai échangé avec le président Tshisekedi sur la situation très préoccupante dans le Sud Kivu», a réagi le président Emmanuel Macron dans la soirée sur X, évoquant la nécessité d’un cessez-le-feu, le retrait du M23 de Bukavu et de l’aéroport de Kavumu, pour «permettre les vols civils et humanitaires sans entraves». «J’appelle le Rwanda à soutenir la mise en œuvre de ces mesures d’urgence», a-t-il ajouté.

Présence militaire étrangère et risque de guerre régionale

Environ 4’000 militaires rwandais interviennent dans l’est de la RDC, selon l’ONU. Ce conflit fait planer le risque d’une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays de l’Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais.

Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’Est. Mais ils sont restés lettres mortes.

Positions de l’Union africaine

Félix Tshisekedi n’a pas pris part à une réunion du Conseil paix et sécurité de l’UA vendredi et était à une conférence sur la sécurité, organisée à Munich (Allemagne), d’où il a dénoncé les «velléités expansionnistes» du Rwanda et appelé à le «mettre à l’index». Il était initialement annoncé présent au sommet des chefs d’États ce week-end, mais y a finalement renoncé.

L’UA a été critiquée dans certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, s’ils appelaient à la fin des combats, ne mentionnaient pas le Rwanda.

Samedi, le ministre des Affaires étrangères djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, a été élu à la tête de la Commission de l’UA. Le diplomate de carrière, âgé de 59 ans, a notamment battu le vétéran de l’opposition kényane Raila Odinga, 80 ans, qui faisait figure de favori. Le poste était réservé à un représentant de l’Afrique de l’Est.

Le président angolais João Lourenço, très impliqué depuis plusieurs années dans les tentatives de médiation entre RDC et Rwanda, a pris samedi, à la suite du chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la présidence tournante de l’UA, un rôle honorifique.

  • L’armée congolaise soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises
  • L’UE examine en urgence toutes les options
  • Paris a appelé à l’arrêt «immédiat» de l’offensive du M23
  • Le risque d’une guerre régionale
  • Certaines positions de l’UA jugées trop timorées