Consciente de ne pouvoir seule faire le poids face au projet du président américain Donald Trump de déplacer les Palestiniens de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie, le Caire a choisi de mobiliser le monde arabe qui pour une fois affiche son unité. Avec le soutien de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, des alliés traditionnels des États-Unis, Le Caire a mené tambour battant des efforts diplomatiques pour empêcher un tel dessein qualifié de «ligne rouge» et de violation des droits des Palestiniens.
L’Égypte, historiquement médiatrice dans le conflit israélo-palestinien, a adopté la position la plus déterminée contre la proposition de Trump, ulcérée par la menace du président américain de lui couper l’aide des États-Unis si elle refusait, tout comme la Jordanie, d’accueillir sur son territoire les Palestiniens qui seraient chassés de Gaza. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a qualifié ce déplacement d’«injustice» à laquelle l’Égypte «ne peut pas participer».
Réactions du monde arabe
La Jordanie
La Jordanie, qui accueille déjà 2,3 millions de réfugiés palestiniens, a été tout aussi ferme. Après ses entretiens avec Trump à Washington mardi, le roi Abdallah II a réitéré la «position ferme de son pays contre le déplacement des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie». «Reconstruire Gaza sans déplacer les Palestiniens et s’attaquer à la situation humanitaire désastreuse devrait être la priorité pour tous», a-t-il ajouté.
L'Arabie saoudite
L’Arabie saoudite, qui a participé à des pourparlers sous l’égide des États-Unis en vue d’une normalisation des relations avec Israël, a également adopté une ligne dure. Le ministère des Affaires étrangères du royaume a réitéré l’engagement de Riyad en faveur d’un État palestinien et dénoncé toute tentative de «déraciner les Palestiniens». Et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a clairement indiqué que tout accord de normalisation avec Israël dépendait de la création d’un État palestinien.
Les Émirats arabes unis
Les Émirats arabes unis, qui ont signé un accord de normalisation avec Israël en 2020, ont rejoint le camp des opposants au projet en rejetant tout «compromis» sur les «droits aliénables du peuple palestinien» et toute tentative de le déplacer.
Bahreïn
Bahreïn, un autre pays du Golfe ayant normalisé ses relations avec Israël, a appelé à «l’établissement d’un État palestinien doté d’une pleine souveraineté d’une manière qui permette une coexistence pacifique avec Israël».
Le Liban
Le chef de l’État libanais Joseph Aoun, porté à la magistrature suprême avec l’aide des États-Unis, a également rejeté mercredi «les propositions qui conduiraient à tout type de déplacement des Palestiniens (...) ou à une atteinte à leurs droits légitimes».
La Syrie
Le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Chareh, qui a besoin de l’appui américain pour lever les sanctions frappant son pays depuis des années, a aussi qualifié le projet de Donald Trump de «crime très grave qui ne peut pas se produire».
Analyse des experts
Pour le politologue égyptien Ahmed Maher, le message du monde arabe était clair: tout déplacement forcé est exclu et la solution au conflit israélo-palestinien «est le modèle à deux États. Toute discussion hors de ces deux points est hors de propos» déclare-t-il.
En conclusion, le monde arabe fait bloc avec l'Égypte contre le plan américain, insistant sur le modèle à deux États et rejetant tout déplacement forcé des Palestiniens.