Une enquête de Mediapart révèle une campagne de dénigrement savamment orchestrée par Canal+, propriété de Vincent Bolloré, contre le député LFI Louis Boyard. Une pétition en ligne, lancée sur Change.org sous le nom fictif de «Carole Delval», ciblait particulièrement Boyard, qui avait admis avoir été dealer dans sa jeunesse. Cette opération, menée depuis les bureaux de Canal+, visait à discréditer le député en réponse à un conflit avec la chaîne C8.
L'origine de cette initiative remonte à un accrochage survenu en novembre 2022 dans l'émission «Touche pas à mon poste» («TPMP»), où Boyard avait dénoncé les pratiques controversées de Bolloré en Afrique. Cette intervention avait provoqué une violente réaction de Cyril Hanouna, qui l’avait insulté en direct. En réponse, l’Arcom avait infligé une amende de 3,5 millions d’euros à C8 en février 2023.
Une campagne de dénigrement orchestrée par Canal+
La genèse de la fausse pétition
Peu après l'amende infligée à C8, la fausse pétition a été lancée. Elle était orchestrée depuis les bureaux de Canal+ par deux de ses dirigeants, Gérald-Brice Viret et Damien Hammouchi, et confiée à l’agence Progressif Media, spécialisée dans la communication d’influence.
Cette agence a non seulement créé la pétition avec une adresse mail anonyme, mais aussi produit une vidéo diffusée sur YouTube, mettant en avant des cas d’élus impliqués dans des affaires de drogues. Bien que d’autres personnalités politiques y soient mentionnées, le contenu visait principalement Louis Boyard, en s’appuyant sur des extraits de «TPMP». Dès sa diffusion, la pétition a été largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment par des comptes anonymes liés à l’extrême droite.
Les implications légales et éthiques
Cette affaire soulève une problématique plus large: bien que la loi interdise aux entreprises de financer directement les partis, rien ne les empêche en revanche d’influencer la vie politique en lançant des campagnes de communication ciblées contre certains élus. Cette situation met en lumière les limites de la régulation actuelle et les risques de manipulation de l'opinion publique par des intérêts privés.
En conclusion, cette campagne de dénigrement montre comment des entreprises peuvent utiliser des moyens détournés pour influencer la vie politique et discréditer des opposants. Elle pose également des questions sur la transparence et l'éthique dans le domaine de la communication politique.