C'est un fléau mondial, qui fait chaque année des centaines de victimes. Et qui a encore fait plus de 70 morts depuis début janvier en Turquie. Le coupable? L'alcool frelaté qu'ils avaient bu et qui les a empoisonnés. Mais de quoi s'agit-il, au fond? Et pourquoi est-ce dangereux? Réponse en quatre points.
L'alcool frelaté, ce breuvage qui empoisonne le monde
Ça veut dire quoi, «frelaté»?
L'alcool que l'on trouve dans les boissons telles que whisky, rhum, vodka ou encore vin, c'est de l'éthanol. Mais il existe aussi le méthanol, qui entre dans la composition de l'alcool de désinfection, l'antigel ou les peintures industrielles. Dans certains pays où l'alcool est très fortement taxé, des contrebandiers mélangent du méthanol à de l'éthanol pour obtenir une boisson bon marché et augmenter le degré d'alcool du breuvage. On parle alors d'alcool frelaté (ou dénaturé), car impropre à la consommation.
Pourquoi cet alcool est un poison?
Parce que le méthanol est très toxique. Quelques heures après l'ingestion, il entraîne troubles de la coordination, confusion, nausées, étourdissement, un peu comme lorsqu'on absorbe de l'éthanol. Ces symptômes sont suivis par d'autres atteintes, plus graves: cécité, coma et mort. Selon Médecins sans frontières (MSF), le taux de mortalité après intoxication est de 20% à 40%.
Combien de personnes en sont victimes chaque année?
MSF tient un décompte des intoxications au méthanol à travers le monde via une carte interactive. Entre janvier 2024 et janvier 2025, l'ONG a répertorié 2400 cas, dont 866 mortels. Le top 3 des pays où les empoisonnements sont les plus fréquents, toutes périodes confondues: l'Indonésie, l'Inde et la Russie. Chaque année, des touristes en sont aussi victimes. Ainsi, fin décembre 2024, un couple en vacances au Vietnam est mort après avoir bu un limoncello à base d'alcool médical. Et en novembre 2024, six backpackers ont été tués par un cocktail de bienvenue frelaté offert dans l'auberge où ils logeaient au Laos.
Comment éviter une intoxication?
Le site DrinkAware.co.uk recommande de suivre la «règle des quatre P»: point de vente, prix, packaging, produit. En clair:
- Acheter son alcool uniquement auprès de détaillants ou débits de boissons titulaires d'une licence;
- Se méfier des produits trop bon marché;
- Vérifier que l'emballage ne présente pas d'anomalies (fautes d'orthographe sur l'étiquette, forme de bouteille inhabituelle, absence des coordonnées du fabricant sur l'emballage, fermeture non hermétique);
- Ne pas consommer toute boisson avec une odeur bizarre (ex. solvant) ou qui présente des dépôts dans le liquide.
En cas de suspicion d'intoxication, se rendre immédiatement à l'hôpital, où un antidote pourra être administré si le cas est pris à temps.