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"Les boissons sucrées responsables d'un cas sur dix de diabète de type 2"


"Une étude internationale révèle l'impact des boissons sucrées sur l'augmentation du diabète de type 2. Le professeur Pedro Marques-Vidal explique les causes et les solutions possibles."

"Les boissons sucrées responsables d'un cas sur dix de diabète de type 2"

Le diabète de type 2 est en constante augmentation dans le monde. Or, un cas sur dix est directement lié à la consommation de boissons sucrées. Et ce, dans les pays industrialisés comme dans ceux en développement, révèle une vaste étude internationale publiée début janvier. Pourquoi? Et comment endiguer cette épidémie? Explications du Professeur Pedro Marques-Vidal, chercheur au Service de médecine interne du CHUV, à Lausanne, qui a participé à cette méta-analyse.

Les boissons sucrées, un fléau mondial

L'influence de l'industrie alimentaire

On sait que les boissons sucrées sont néfastes, mais on en consomme toujours. Le poids de l’industrie alimentaire pèse-t-il trop lourd?

Il y a plusieurs facteurs. D’abord, il y a le fait que le goût sucré est agréable et qu’on y est confronté dès le plus jeune âge. Ensuite, les prix des sodas sont bas. Je suis étonné de constater qu’au restaurant, une bouteille d’eau minérale est parfois plus chère qu’une bouteille de soda. Je trouve ça complètement irrationnel. Après, il y a la publicité. Les marques de boissons sucrées ont une force de frappe absolument phénoménale, surtout dans les pays en voie de développement.

Pourquoi certaines régions sont-elles plus touchées?

Pourquoi les cas de diabète de type 2 augmentent-ils plus vite dans certaines régions comme l’Amérique latine?

Surtout en Amérique du Sud, on ne peut pas boire l’eau du robinet car elle n’est pas potable. Le soda devient, dès lors, une option pour s’hydrater. Il arrive même que ça revienne moins cher d’acheter du soda que de l’eau filtrée. Parfois, on n'a pas le choix.

Taxer ou interdire?

Quelle serait la meilleure option, taxer ou interdire?

La meilleure solution et la moins chère, à mon sens, serait la mise en place d’une législation et d’une taxe. Interdire les sodas dans les distributeurs dans les écoles, comme c’est le cas au Portugal. On peut aussi restreindre la publicité pour ce type de boissons aux heures où les jeunes regardent la télévision. Et imposer une taxe, comme l’a fait le Mexique. Depuis, on a constaté que c’est parmi les populations mexicaines les plus pauvres, qui ont réduit leur consommation de sodas, que l’obésité a le plus régressé.

L'éducation alimentaire à l'école

Et donner des cours d’éducation alimentaire à l’école, comme on a des cours d’éducation sexuelle?

Oui, les professeurs restent de très bonnes références pour les enfants. C’est au tout début qu’il faut s’habituer à une alimentation saine. Le goût, ça s’apprend. On peut éduquer les enfants, par exemple en leur apprenant à préparer un repas qu’ils mangeront ensuite. Mettre la main à la pâte, c’est assez ludique et ça permet de voir qu’il n’y a pas que le sucré dans la vie.

La prise de conscience du grand public

Le grand public ne mesure-t-il pas les risques du diabète?

Je le pense. Cette maladie est insidieuse. Les gens se disent: je verrai ça plus tard. Or, le diabète doit se prévenir très tôt. Car si on s'y prend à temps, on peut en guérir. Mais le mieux c’est encore de ne pas faciliter sa survenue notamment en évitant les boissons sucrées.

En conclusion, la lutte contre le diabète de type 2 passe par une prise de conscience collective et des mesures concrètes pour réduire la consommation de boissons sucrées. L'éducation, la législation et la taxation sont autant de leviers à actionner pour endiguer cette épidémie mondiale.