Le cas de l’infirmière anglaise Lucy Letby, condamnée pour le meurtre de sept nourrissons, va être réexaminé. Des experts remettent en cause sa condamnation, soulevant des questions sur une possible erreur judiciaire.
Une commission indépendante sur les erreurs judiciaires a annoncé mardi qu’elle allait examiner le cas de l’infirmière britannique Lucy Letby, condamnée à la perpétuité pour le meurtre de nouveaux-nés. Cette femme de 35 ans a été condamnée en août 2023, puis en 2024, à la prison à vie pour le meurtre de sept nourrissons, et des tentatives de meurtre sur sept autres dans son unité de soins intensifs de l’hôpital Countess of Chester (nord-ouest de l’Angleterre), entre 2015 et 2016.
Réexamen du cas de Lucy Letby
Contexte du procès
Le procès de celle qui a été décrite comme la pire tueuse d’enfants dans l’histoire moderne du Royaume-Uni, avait duré dix mois et avait horrifié les Britanniques. Mais les avocats de l’infirmière, qui a toujours clamé son innocence, affirment qu’il s’agit d’une erreur judiciaire. Lundi, ils ont saisi en dernier recours la Commission de révision des affaires pénales (CCRC).
Décision de la CCRC
«Nous avons reçu une demande préliminaire concernant le cas de Mme Letby, et elle a commencé à être évaluée», a confirmé la CCRC mardi, ce qui prendra du temps vu le «volume important de preuves». À l’issue de son examen, elle pourrait décider renvoyer l’affaire en cours d’appel.
Remise en cause des preuves médicales
Lors du procès de Lucy Letby, il a été expliqué que l’infirmière avait notamment injecté de l’air dans le sang de ces nouveaux-nés, provoquant des embolies gazeuses suivies d’un décès brutal. Un article scientifique co-écrit à ce sujet en 1989 par le médecin canadien Shoo Lee a été abondamment utilisé lors du premier procès. Mais celui-ci a présenté mardi les conclusions d’un panel de 14 experts médicaux internationaux à Londres, qui remettent en cause la condamnation de l’infirmière.
«Nous n’avons trouvé aucun meurtre. Dans tous les cas, les décès ou blessures étaient dus à des causes naturelles, ou simplement à de mauvais soins médicaux», a défendu lors d’une conférence de presse le Dr Shoo Lee, désormais à la retraite. Selon lui, la décoloration des nourrissons n’était pas une preuve suffisante pour aboutir à la conclusion d’une embolie gazeuse. Un argument qu’il a déjà tenté de faire valoir, sans succès, lors de la première tentative d’appel de l’infirmière en mai 2024.
Réactions et soutiens
Celle-ci s’est vu refuser cette possibilité une seconde fois en octobre par la justice britannique. L’ancien ministre conservateur David Davis, partisan d’un nouveau procès et présent à la conférence de presse, a affirmé que les condamnations de Lucy Letby constituaient «l’une des plus grandes injustices de l’époque moderne».
«Nous n’avons trouvé aucun meurtre», a déclaré le Dr Shoo Lee, soulignant l'importance de réexaminer les preuves médicales présentées lors du procès.
Le cas de Lucy Letby continue de susciter des débats et des interrogations, tant au sein de la communauté médicale que parmi les défenseurs des droits des accusés. La réévaluation de son dossier par la CCRC pourrait apporter de nouvelles perspectives et, éventuellement, conduire à un nouveau procès.