Un homme comparaît en France pour l’assassinat de son ex-compagne, qui avait alerté la justice pendant des mois sur les violences et le harcèlement qu’elle subissait, dans un pays où chaque jour plus de trois femmes sont victimes de féminicides ou tentatives de féminicides conjugaux.
«Je ne suis pas quelqu’un de violent, je ne vais pas initier la violence. Mais je peux répondre si on m’agresse», a déclaré mercredi Mickaël F., 40 ans, en réponse à la présidente de la cour qui lui demandait de se décrire en début d’audience devant les assises de Gironde.
Un drame annoncé
Les faits tragiques
Le 2 juillet 2021 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, quelques mois après la séparation du couple à la demande de Sandra P., le corps de cette femme de 31 ans est découvert sans vie, dans une mare de sang, dans l’appartement où elle vivait avec leur fille de quatre ans.
L’autopsie relève une cinquantaine de plaies, la plupart pénétrantes, notamment au niveau du cou et du visage. Un couteau de cuisine couvert de sang est retrouvé sur les lieux.
L'arrestation et les aveux
Interpellé le jour des faits à son domicile dans l’agglomération, avec un taux d’alcoolémie de 1,87 g/l de sang, Mickaël F. affirme s’être introduit chez son ex-compagne dans la nuit et s’être caché jusqu’à son retour de l’école où elle avait accompagné l’enfant: il voulait lui faire «avouer» qu’elle avait dénoncé des violences physiques et psychologiques, qu’il nie, pour obtenir la garde de leur fille, née en 2017. «Je reconnais être l’auteur du crime, mais en aucun cas, je n’avais l’intention de la tuer», a répété devant la cour Mickaël F.
Les signes avant-coureurs
Pour Me Elsa Crozatier, avocate d’une partie de la famille de la victime, «c’est un féminicide annoncé avec une ampleur et une gradation, un crescendo, dans la manière dont il s’est comporté vis-à-vis de Sandra P., et qui a mené nécessairement, à la fin, à son assassinat».
Les enquêteurs ont mis en lumière un contexte de «peur» dans lequel vivait Sandra P. avant d’être tuée, depuis qu’elle avait annoncé à Mickaël F. son départ du domicile conjugal.
Elle avait déposé deux plaintes pour violences conjugales et harcèlement, plusieurs mains courantes et avait même écrit au président de la République en «appelant à l’aide», tandis qu’il a seulement admis de «banales disputes» en réfutant toute violence.
La rupture et le harcèlement
Un an après la naissance de leur fille, la jeune femme commence à se confier à des proches sur les violences qu’elle subit et elle parvient à rompre fin 2020 malgré l’emprise de son compagnon.
Face au harcèlement qu’il lui fait alors subir, en continu selon eux, les parents de la victime s’installent pour quelques mois chez leur fille, où sont installées une alarme, une sonnette avec visiophone et une caméra de surveillance.
Le 29 juin 2021, trois jours avant la mort de Sandra P., Mickaël F. avait été placé en garde à vue, puis sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec son ex-compagne. Le procès se poursuit jusqu’à vendredi.
Contexte alarmant des féminicides en France
Chaque jour en France, plus de trois femmes sont victimes de féminicides ou tentatives de féminicides conjugaux, selon les données portant sur l’année 2023.
Ce drame met en lumière les failles du système judiciaire et de protection des victimes de violences conjugales, malgré les nombreuses alertes et appels à l’aide.
Il est crucial de renforcer les mesures de prévention et de protection pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.