Le tribunal d’Evry a ordonné un procès devant la cour criminelle de l’Essonne contre un policier auteur d’un tir de lanceur de balles de défense (LBD) qui a éborgné un jeune homme en 2020 à Brunoy. Selon l’ordonnance de renvoi consultée mercredi par l’AFP, confirmant une information de Libération, «la pression exercée (sur la détente) de son LBD par (l’accusé) ne peut s’analyser que comme un geste volontaire». Le policier sera jugé pour violences volontaires avec arme ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente.
L’ordonnance précise que le policier «ne se trouvait pas au moment du tir dans une situation de danger» lors de cette opération de sécurisation d’un quartier identifié comme sensible de cette petite ville pavillonnaire du sud de l’Île-de-France. Le parquet d’Evry avait requis en décembre 2023 le renvoi de ce fonctionnaire âgé de 36 ans à l’époque, arguant que ce tir «intentionnel» avait été effectué «en violation des prescriptions d’usage du LBD et directement atteint la victime au visage provoquant la perte de son œil droit».
Un tir controversé et ses conséquences
Les circonstances du tir
Dans la nuit du 22 février 2020, le jeune homme, âgé alors de 19 ans, avait été grièvement blessé au visage lors d’échauffourées dans le quartier des Hautes-Mardelles à Brunoy, commune de 25'000 habitants située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Paris. Le juge a conclu dans son ordonnance de renvoi que «le tir exécuté par le mis en examen apparaît contraire à la doctrine d’utilisation du lanceur de balle de défense».
Réactions des avocats
Contactés par l’AFP, les avocats de la victime et du policier n’étaient pas immédiatement joignables. Selon l’ordonnance, le conseil du policier, Me Jérôme Andrei, a indiqué dans le cadre de ses observations «qu’il s’agirait en réalité d’un tir légitime aux conséquences accidentelles en raison de l’imprécision du LBD».
Controverses autour du LBD
Arme controversée du maintien de l’ordre, le LBD est accusé d’avoir causé plusieurs blessures et un décès lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre l’été dernier. Cette arme avait déjà fait l’objet de vifs débats lors des manifestations des gilets jaunes en 2018-2019, pendant lesquelles plusieurs personnes avaient subi ce même type de mutilation. Vingt-trois éborgnés avaient été recensés par l’AFP lors de ce mouvement.
Débats sur l'usage du LBD
Les controverses autour de l’usage du LBD ne sont pas nouvelles. Cette arme est souvent critiquée pour son manque de précision et les graves blessures qu’elle peut causer. Les débats sur son utilisation se sont intensifiés après les manifestations des gilets jaunes, où de nombreux cas de blessures graves ont été signalés.
- Plusieurs manifestants ont été éborgnés ou gravement blessés.
- Les autorités ont souvent défendu l’usage du LBD comme nécessaire pour le maintien de l’ordre.
- Les critiques appellent à une révision des protocoles d’utilisation ou à l’interdiction pure et simple de cette arme.
Le procès à venir devant la cour criminelle de l’Essonne sera un moment crucial pour évaluer la responsabilité du policier et pourrait relancer les débats sur l’usage du LBD dans les opérations de maintien de l’ordre.