Le crash de PrimeEnergy Cleantech (PEC) était programmé depuis cet été, bien que ses quelque 2000 petits investisseurs n'aient commencé à s'inquiéter qu'à l'automne. Le gendarme financier suisse (la Finma) avait en effet ordonné sa liquidation le 19 juillet. Cette décision, qui avait fait l'objet d'un recours, figure dans un rapport dont «Le Temps» s'est récemment fait l'écho et que «20 minutes» a pu consulter. Concluant une enquête débutée en août 2023, il est très sévère, tant à l'endroit de la société qui émettait des obligations vertes que de son CEO, Khalid Belgmimi. Son propriétaire, Laurin Fäh, a fait l'objet d'une procédure séparée, en raison de son mauvais état de santé.
La Finma fait état de «graves violations des dispositions du droit de surveillance». Elle les considère «d'autant plus graves qu'il s'agit d'un cas de récidive»: PEC avait déjà frôlé la liquidation en 2015. La société ne s'en était tirée qu'en promettant de corriger le tir - ce qu'elle n'a donc pas fait.
Les graves violations de PrimeEnergy Cleantech
Premier dérapage en 2015, puis récidive
En l'occurrence, un pourcentage conséquent de petits épargnants a été amené à souscrire des obligations avant la date d'émission du prospectus déterminant; autrement dit, sans disposer de toutes les informations relatives à l'utilisation de leur argent. En particulier, les documents «simplifiés» leur ayant été soumis ne mentionnaient que le financement d'installations photovoltaïques - mais pas celui de projets immobiliers. Bref, ils croyaient investir dans le solaire, alors qu'ils investissaient aussi dans la pierre.
L'argent ne finançait pas que le solaire
Plus grave, ces fameux prospectus ne contenaient pas les comptes consolidés du groupe PEC. S'ils y avaient figuré, les épargnants auraient par exemple pu constater le surendettement, en 2022, du groupe PEC, qui détenaient des participations dans une cinquantaine de sociétés en Suisse, en Allemagne, au Portugal, en France, au Luxembourg, en République tchèque, en Espagne et en Hongrie. «Au lieu de cela, les comptes consolidés établis par la PEC depuis l'exercice 2020 ont été dissimulés aux créanciers obligataires», écrit la Finma.
Comptes consolidés dissimulés
Le gendarme financier relève par ailleurs qu'entre 2015 et 2023, PEC «a enregistré des pertes presque chaque année, qui se sont élevées à environ 17,3 millions». En outre, plusieurs millions ont été transféré à Bargella Invest et à d'autres sociétés du propriétaire Laurin Fäh «pour financer leurs propres projets - entre autres des projets immobiliers ou des projets dans le domaine de la fabrication et de la distribution de produits à base de cannabis CBD.» Ainsi, PEC a «fait peser un risque considérable sur les créanciers obligataires» et ses violations du droit «notamment en raison de leur caractère répétitif - semblent particulièrement graves».
Projets dans le cannabis CBD
La faillite de PEC a officiellement été prononcée le 14 novembre. Cette décision marque la fin d'une période tumultueuse pour la société et ses investisseurs, qui ont été trompés sur l'utilisation de leurs fonds et les véritables activités de l'entreprise.