Maître absolu sur X, Elon Musk n'aime pas les déconvenues sur d'autres plateformes: le milliardaire s'en prend à Wikipédia, où la page qui lui est dédiée fait désormais référence à son salut polémique lors de l'investiture de Donald Trump, considéré comme nazi par certains. Mais Jimmy Wales, le fondateur de la célèbre encyclopédie en ligne, a fait comprendre qu'il ne comptait pas se laisser intimider.
Propriétaire majoritaire de X, Elon Musk y a permis une désinformation encore plus abondante et, ses critiques l'en accusent, une mise en avant des idées de la droite radicale, à commencer par celles des partisans du président américain Donald Trump, dont il est devenu très proche. De son côté, Jimmy Wales se veut le chantre de la neutralité et des faits avérés. L'objectif de Wikipédia est de permettre aux rédacteurs de créer un contenu «clair et reconnaissant les différents points de vue existants» malgré «la montée des sentiments de division, de l'esprit partisan, des guerres culturelles et de tout cela», a-t-il affirmé en décembre dans une interview au média Intelligencer.
La brouille entre Elon Musk et Wikipédia
Un geste troublant à l'origine de la controverse
À l'origine de la récente brouille: un geste troublant d'Elon Musk le jour de l'investiture de Donald Trump. Pour saluer la foule, il a fermement levé la main d'une manière semblable, selon ses détracteurs et des historiens, au salut nazi. Depuis mercredi, ce geste largement commenté aux États-Unis et à travers le monde figure sur la page biographique d'Elon Musk sur Wikipédia ainsi que sur celle consacrée au salut nazi.
La réaction de Wikipédia
Sur la page d'Elon Musk, Wikipédia précise que le geste a été «perçu par un certain nombre d'observateurs comme un salut nazi», mais que le milliardaire s'en est défendu. Ce qui n'a pas empêché le principal intéressé d'attaquer le site, l'accusant de reprendre la «propagande» des médias traditionnels, l'une de ses cibles privilégiées. Il a appelé ses partisans à ne plus financer Wikipédia. Des «faits», pas de la propagande, a répliqué Jimmy Wales, lui aussi sur X. «Elon Musk n'est pas content que Wikipédia ne soit pas à vendre», s'est-il amusé, en référence au rachat en 2022 de X, alors Twitter, par l'homme d'affaires pour 44 milliards de dollars.
Wikipédia, un symbole de l'idéalisme des débuts d'internet
Gérée par la fondation à but non lucratif Wikimedia Foundation, Wikipédia est une sorte d'ovni dans le monde de la tech, aujourd'hui dominé par des mastodontes comme Google et Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp). La plateforme se veut l'un des derniers symboles de l'idéalisme des débuts d'internet, donnant la parole aux internautes du monde entier. Fondée le 15 janvier 2001, Wikipédia a démarré en anglais, mais s'est rapidement déployée à travers le monde avec, aujourd'hui, des contenus disponibles en plus de 300 langues.
«Le déclin de la confiance dans le journalisme et la politique est très fort, ce qui, dans certains cas, se traduit chez les gens par un sentiment de colère et d'être perdus», a estimé Jimmy Wales dans son interview à Intelligencer. Mais au sein de la communauté Wikipédia, a-t-il affirmé, «nous continuons à travailler en essayant d'être neutres et clairs».
X, un paradis de la désinformation?
Après le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022, qu'il a rebaptisé X, les équipes chargées de la modération des contenus ont été remplacées par des «community notes», des messages postés par les utilisateurs pour contredire la véracité d'un message ou la nuancer en ajoutant du contexte. Elon Musk clame défendre ainsi la liberté d'expression, mais les spécialistes estiment que la plateforme est devenue un paradis de la désinformation.
En conclusion, la brouille entre Elon Musk et Wikipédia met en lumière les tensions entre la liberté d'expression et la véracité des informations, ainsi que les différences de philosophie entre les plateformes de la tech. Wikipédia, en tant que symbole de l'idéalisme des débuts d'internet, continue de défendre la neutralité et les faits avérés, tandis qu'Elon Musk, avec X, promeut une approche plus libérale, parfois au détriment de la véracité des informations.