Logo webradio media

Colombie : Suspension des négociations de paix avec l'ELN après une journée meurtrière


Le président Petro a suspendu les pourparlers suite à des violences ayant fait 30 morts. Les affrontements dans le Catatumbo mettent en lumière les défis pour la paix.

Colombie : Suspension des négociations de paix avec l'ELN après une journée meurtrière

La Colombie a annoncé vendredi la suspension des négociations de paix avec l’Armée de libération nationale (ELN), suite à une journée meurtrière qui a fait au moins 30 morts dans le nord-est du pays. Le président colombien Gustavo Petro a justifié cette décision en qualifiant les actions de l’ELN de crimes de guerre, mettant en avant l’absence de volonté de paix de la part du groupe guérillero.

Les violences ont éclaté jeudi dans la région du Catatumbo, où les guérilleros de l’ELN ont attaqué la population civile et affronté les dissidents de l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Cette région, frontalière avec le Venezuela, est connue pour ses vastes plantations de coca, couvrant plus de 52 000 hectares.

Une journée de violences et de déplacements forcés

Bilan humain et déplacements

Selon le gouverneur du département de Norte de Santander, William Villamizar, les affrontements ont fait au moins 30 morts et plus de 20 blessés. Plusieurs blessés ont été transportés dans des hôpitaux voisins, et des dizaines de familles ont été déplacées. Villamizar a attribué ces violences à une dispute territoriale pour le contrôle du trafic de drogue dans la région.

Témoignages et accusations

La médiatrice pour les droits humains en Colombie, Iris Marin, a accusé l’ELN de s’en prendre directement à la population civile, allant de maison en maison pour assassiner des personnes considérées comme proches des dissidences des FARC. José del Carmen Abril, un représentant de cultivateurs de coca de Catatumbo, a témoigné que des membres de l’ELN sont venus démolir les maisons et le chercher à plusieurs reprises.

Contexte historique et analyse

Le Catatumbo a connu un conflit sanglant au début des années 2000, opposant la guérilla de l’ELN à des groupes paramilitaires d’extrême-droite. Elizabeth Dickinson de l’International Crisis Group estime que les attaques de l’ELN constituent une crise très grave et que la situation en matière de sécurité se détériore rapidement. Elle considère que les actions de l’ELN ne sont pas ponctuelles mais font partie d’une campagne militaire visant à créer un nouveau cycle de conflit.

Pourparlers de paix et défis

Le président Petro, lui-même ancien membre d’une guérilla d’extrême gauche (le M-19), a entamé des pourparlers avec l’ELN à la fin de l’année 2022. Cependant, peu d’avancées ont été enregistrées en raison de la poursuite des attaques par les rebelles et des divergences à la table des négociations. En septembre, les pourparlers avaient déjà été suspendus, avant de reprendre en novembre.

L’accord de paix de 2016 avec la guérilla marxiste des FARC avait permis de réduire temporairement la violence en Colombie, premier producteur de cocaïne. Toutefois, le conflit interne s’est de nouveau intensifié ces dernières années en raison des opérations des groupes dissidents des FARC, de la guérilla guévariste de l’ELN et du cartel du Clan del Golfo, entre autres groupes armés.

Accusations et réactions

Jeudi, le négociateur de paix pour le gouvernement, Otty Patiño, a accusé l’ELN de payer des tueurs à gages pour tenter d’assassiner son principal conseiller. L’ELN, qui a pris les armes en 1964, compte quelque 5800 membres dans le pays, selon les services de renseignement militaire.

En conclusion, la suspension des négociations de paix avec l’ELN marque un nouveau tournant dans le conflit armé en Colombie. Les violences récentes soulignent les défis persistants pour la paix dans le pays, malgré les efforts du président Petro pour mettre fin à six décennies de conflit.