Le patron de Meta, Mark Zuckerberg, continue son virage politique en mettant fin aux programmes conçus pour favoriser la diversité du personnel. Cette décision aligne le géant des réseaux sociaux avec les politiques de Donald Trump, marquant un changement significatif dans l'approche de l'entreprise en matière de diversité, d'équité et d'inclusion.
Une note interne rapportée par Axios et confirmée par Meta à l'AFP explique que «le paysage juridique et politique autour des efforts de diversité, d'équité et d'inclusion aux États-Unis est en train de changer». La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp revient ainsi en arrière sur une approche adoptée depuis des années pour créer un environnement plus inclusif et plus équitable.
Le virage conservateur de Meta
Fin des programmes de diversité
Meta a décidé de supprimer les objectifs de représentation spécifiques pour les femmes et les minorités ethniques, tout en continuant à chercher des candidats d'origines diverses. «Nous sommes au service de tous», assure la note interne. Cette décision s'inscrit dans un contexte où d'autres grandes entreprises américaines, telles que McDonald's, Ford, Amazon et Walmart, ont également revenu sur leurs politiques de «diversité, égalité et inclusion» (DEI).
Contexte politique et juridique
Ce virage des entreprises s'inscrit dans un contexte d'offensive «anti-woke» menée par les Républicains. En Californie, Elon Musk et sa plateforme X (anciennement Twitter) ont libéré les voix conservatrices, voire machos, qui avaient traditionnellement peu de portée dans l'État démocrate et progressiste.
Le terme «DEI» est devenu controversé, notamment parce qu'il est compris par certains comme le traitement préférentiel de certains groupes par rapport à d'autres, souligne Janelle Gale, vice-présidente des ressources humaines de Meta, dans sa note.
Le «vrai Mark» et ses déclarations
Mark Zuckerberg a déclaré à Joe Rogan, l'animateur d'un podcast conservateur et très populaire, qu'une grande partie de notre société est devenue «castrée en quelque sorte, ou émasculée». Il a expliqué être arrivé à cette conclusion à force de pratiquer les arts martiaux mixtes avec d'autres hommes, qui voient «le vrai Mark» en compétition, et non pas seulement le dirigeant policé et formé à parler aux médias.
Pendant l'interview, il a de nouveau accusé le gouvernement Biden de «censure» et a regretté d'avoir «accordé trop de crédit» aux médias dans le passé, une rhétorique qui rappelle fortement celle d'Elon Musk.
Changements dans la modération des contenus
La semaine dernière, Mark Zuckerberg a mis fin au fact-checking de Meta aux États-Unis, un programme de vérification des faits par des organisations indépendantes dans le monde. À la place, son entreprise va mettre en place un système de «notes de la communauté», pour les utilisateurs souhaitant ajouter du contexte à certains posts, comme sur X.
Les règles de modération des contenus sur Facebook et Instagram ont été assouplies: davantage d'insultes et d'appels à l'exclusion des femmes et des personnes LGBT+ des institutions sont désormais autorisés.
Relations avec Donald Trump
Mark Zuckerberg multiplie les avances à l'égard de Donald Trump depuis cet été, et surtout depuis son élection. Il a dîné avec lui en novembre, fait un don d'un million de dollars pour sa cérémonie d'inauguration le 20 janvier et nommé plusieurs de ses alliés à des postes clefs.
Il était de nouveau vendredi à Mar-a-Lago, la résidence actuelle du président élu en Floride, d'après la presse américaine. «Je pense que le président Trump veut simplement que l'Amérique gagne, et cela me rend optimiste», a-t-il dit à Joe Rogan.
Démission de Roy Austin
Peu après l'annonce sur la diversité chez Meta, Roy Austin, vice-président chargé des droits civiques au sein de l'entreprise, a annoncé sa démission. «La possibilité de contribuer à la création d'un monde plus juste et plus équitable, même de façon modeste, a été pour moi une force motrice», a indiqué celui qui a été procureur général adjoint au sein de l'administration Obama, dans un message sur LinkedIn vendredi.
Ces changements chez Meta reflètent une tendance plus large dans le paysage politique et économique américain, où les entreprises et les leaders technologiques naviguent dans un environnement de plus en plus polarisé.