Venise, Barcelone, les plages thaïlandaises de Maya Bay ou le Machu Picchu péruvien: comme ces lieux stars du tourisme mondial, Kyoto subit un afflux croissant de visiteurs - 35 millions en 2024, un record - qui met à rude épreuve ses infrastructures. La ville japonaise a annoncé mardi un relèvement massif de sa taxe de séjour, graduée en fonction du prix des hébergements, afin de promouvoir un «tourisme durable». La mesure, qui doit être approuvée par l’assemblée municipale, s’appliquera à partir de mars 2026.
Outre l’engorgement de la circulation, les habitants déplorent le comportement de touristes s’aventurant dans les allées privées et importunant les geishas en kimono pour alimenter en photos leurs réseaux sociaux.
Kyoto face au surtourisme
Des taxes multipliées par dix
Selon leur projet, les visiteurs louant une chambre pour un prix allant de 20'000 à 50'000 yens par nuit (116 à 290 francs au cours actuel) verront leur taxe de séjour doublée à 1000 yens (5,80 francs) par personne et par nuitée.
Pour les chambres louées entre 50'000 yens et 100'000 yens la nuit (de 290 à 580 francs), la taxe sera relevée à 4000 yens (23 francs). Quant aux hébergements les plus luxueux, au-delà de 582 francs la nuit, leur taxe sera multipliée par dix pour atteindre 62 euros par personne et par nuitée.
Tensions entre habitants et touristes
La saturation des installations n'est pas la seule source de grogne. Le conseil du quartier historique de Gion avait déjà décidé en mars 2024 d’interdire aux touristes l’accès aux ruelles privées. Les habitants déplorent que certains visiteurs se comportent comme des «paparazzi» dans un «parc d’attractions».
Dans ce quartier se trouvent de nombreux salons de thé où les geishas, appelées localement «geikos» («femmes d’art»), exécutent des danses sophistiquées et jouent d’instruments traditionnels. La fascination dont font l’objet ces artistes professionnelles a enflé à l’étranger avec le succès sur Netflix de la série «Makanai» qui se déroule à Gion.
Un membre du conseil avait alors déploré les cas d’une apprentie geisha dont le kimono avait été déchiré, ou d’une autre qui avait retrouvé des mégots de cigarettes dans son col. Depuis 2019, il était déjà interdit de prendre des photos dans les voies privées, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 10'000 yens (58 francs).
Accès restreint au mont Fuji
De Tokyo à Osaka, les grandes métropoles japonaises imposent déjà aux touristes des taxes de séjour représentant quelques centaines de yens par nuit. Un quota quotidien de personnes s’applique par ailleurs pour emprunter le sentier le plus populaire pour gravir le mont Fuji, et un droit d’accès d’un peu plus de 11 francs (2000 yens) a été fixé.
A proximité, une barrière avait été brièvement érigée à l’extérieur d’une supérette offrant une vue spectaculaire sur le volcan, devenue un pôle d’attraction pour les visiteurs accros aux réseaux sociaux.
Depuis décembre, Ginzan Onsen, ville thermale aux scènes enneigées réputées sur Instagram, interdit l’accès à toute personne arrivant après 20 heures si elle n’a pas réservé d’hôtel. A travers le monde, plusieurs sites ont entrepris de se prémunir contre le surtourisme, via des quotas de fréquentation, un accès payant, l’obligation de réservation... Venise a institué l’an dernier une taxe pour les visiteurs d’un jour.
En conclusion, Kyoto, comme de nombreuses autres destinations touristiques populaires, cherche à trouver un équilibre entre l'accueil des visiteurs et la préservation de la qualité de vie de ses habitants. Les mesures prises, bien que drastiques, visent à promouvoir un tourisme plus durable et respectueux.