Alors que les Occidentaux s’inquiètent de l’avancement du programme nucléaire iranien, Téhéran a entamé à Genève deux jours de discussions avec Berlin, Londres et Paris. Ces échanges, qualifiés de «sérieux, francs et constructifs», interviennent à une semaine de l’investiture de Donald Trump et marquent une nouvelle étape dans les efforts diplomatiques pour résoudre les tensions autour du nucléaire iranien.
Discussions «constructives» entre l’Iran et les puissances européennes
Contexte et objectifs des négociations
L’Iran et les principales puissances européennes (Allemagne, France et Royaume-Uni) ont entamé lundi soir deux jours de discussions «sérieuses, franches et constructives» en Suisse sur le programme nucléaire iranien. Ces discussions se déroulent à Genève, dans un lieu tenu secret, moins de deux mois après des négociations similaires entre les mêmes parties. Les Occidentaux expriment des inquiétudes croissantes face à l’avancement du programme nucléaire iranien, ce qui rend ces discussions particulièrement cruciales.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Majid Takht-Ravanhchi et ses homologues de l’E3 (Allemagne, France et Royaume-Uni) se sont rencontrés lundi soir, selon l’agence de presse iranienne ISNA. Les discussions ont porté sur des questions d’intérêt mutuel, notamment la levée des sanctions, la question nucléaire et la situation préoccupante dans la région.
Déclarations des parties prenantes
Plus tard, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des Affaires internationales, Kazem Gharibabadi, a qualifié les discussions de «sérieuses, franches et constructives». Il a souligné que les parties ont discuté d’idées impliquant certains détails dans les domaines de la levée des sanctions et du nucléaire, nécessaires pour parvenir à un accord.
«Les parties ont convenu que les négociations devaient reprendre et que pour parvenir à un accord, toutes les parties devaient créer et maintenir une atmosphère appropriée. Nous avons convenu de poursuivre notre dialogue», a-t-il ajouté sur X.
Les diplomaties des trois pays européens ont confirmé dans des messages identiques sur X que «les directeurs politiques britannique, français et allemand ont à nouveau rencontré leurs homologues iraniens à Genève aujourd’hui (lundi)». «Les discussions ont été sérieuses, franches et constructives. Dans un contexte difficile, nous avons discuté de nos préoccupations et réitéré notre engagement en faveur d’une solution diplomatique. Nous sommes convenus de poursuivre notre dialogue», ont ajouté les capitales occidentales.
Nature des discussions et objectifs de Téhéran
Le ministère allemand des Affaires étrangères avait auparavant fait valoir à l’AFP que «ce ne sont pas des négociations». Il s’agit seulement de «consultations», a renchéri l’Iran. Pour Téhéran, «l’objectif principal de ces pourparlers est de lever les sanctions contre l’Iran», a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, ajoutant que Téhéran était également «à l’écoute des sujets que les autres parties veulent aborder».
La réunion est «le signe que les pays de l’E3 continuent d’œuvrer en faveur d’une solution diplomatique au programme nucléaire iranien, dont l’état d’avancement est extrêmement problématique», a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
Avancements du programme nucléaire iranien
Téhéran a annoncé début décembre commencer à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, l’un des plus importants du pays, dans le centre de l’Iran, «avec notamment pour effet à terme d’accroître significativement le taux de fabrication d’uranium enrichi jusqu’à 60%», selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU datée du 6 décembre, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé leur vive «préoccupation» et exhorté la République islamique «à mettre immédiatement fin à son escalade nucléaire». Les trois pays européens ont évoqué le possible recours au mécanisme réimposant des sanctions contre l’Iran «pour l’empêcher d’acquérir l’arme nucléaire».
Résolution 2231 et perspectives futures
La résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui endossait l’accord de 2015 conclu entre l’Iran et les pays de l’E3 ainsi que les États-Unis, la Russie et la Chine, expire en octobre 2025, dix ans après l’entrée en vigueur de l’accord.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a récemment indiqué que son pays prendrait des mesures afin de rassurer «quant au caractère pacifique» de son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions.
Enjeux et doutes des pays occidentaux
Selon l’AIEA, l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique. Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour la production d’énergie, et nient vouloir se doter de l’arme atomique, ce dont doutent fortement les pays occidentaux.
Ces discussions à Genève montrent que malgré les tensions, les efforts diplomatiques se poursuivent pour trouver une solution au programme nucléaire iranien. Les prochaines semaines seront cruciales pour voir si ces échanges peuvent aboutir à des avancées concrètes.