L’attaque meurtrière de Magdebourg, dans le nord-est de l’Allemagne, jette «une ombre sur cette fête de Noël», a déploré mardi le chef de l’État allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans sa traditionnelle allocution de Noël, en appelant le pays à ne pas se «laisser diviser». Le président a évoqué la «tristesse, la douleur, l’horreur, la stupeur face à ce qui s’est passé à Magdebourg quelques jours avant Noël», une attaque à la voiture-bélier imputée à un psychiatre saoudien de 50 ans qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés.
«Beaucoup auront le cœur lourd en cette période de Noël. Beaucoup seront bouleversés, inquiets, peut-être même effrayés. Tous ces sentiments sont compréhensibles. Mais ils ne doivent pas nous dominer, ni nous paralyser», a ajouté le dirigeant selon le texte de son allocution, qui sera diffusé à la télévision publique mardi.
Appel à l'unité et à la cohésion
Réactions du Président
«Nos pensées, notre profonde compassion vont aujourd’hui aux familles et aux amis des personnes que le criminel a tuées de manière si cruelle», a-t-il dit.
«Mon vœu le plus cher aujourd’hui est que nous ne laissions pas cela se produire! La haine et la violence ne doivent pas avoir le dernier mot. Ne nous laissons pas diviser. Restons unis!», a déclaré Frank-Walter Steinmeier alors que le drame a encore relancé le débat sur l’immigration.
«La cohésion, quand il le faut, c’est ce qui caractérise notre pays. Montrons-le justement maintenant», a-t-il encore ajouté. Même si les mobiles du suspect restent flous, le carnage qui a fait cinq morts, dont un garçon de 9 ans, et plus de 200 blessés a replacé les questions de l’immigration et de la sécurité au cœur de la campagne pour les élections législatives anticipées du 23 février.
Profil du suspect
Le psychiatre saoudien Taleb Jawad al-Abdulmohsen, arrêté vendredi soir, a pêle-mêle exprimé des opinions hostiles à l’islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l’immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d’extrême droite sur une «islamisation» de l’Europe.
Installé en Allemagne depuis 2006, il disposait du statut de réfugié. Peu après l’attaque, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) avait dénoncé l’accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années.
Réactions politiques
Alice Weidel, coprésidente du parti, avait insisté lundi sur son compte X: «le débat de nouvelles lois de sécurité ne doit pas détourner l’attention du fait que Magdebourg n’aurait pas été possible sans une immigration incontrôlée».
Sous pression, le gouvernement d’Olaf Scholz a promis dimanche une enquête rapide et minutieuse pour clarifier d’éventuelles erreurs des autorités dans la prévention de l’attaque.
Critiques de l’AfD
L'AfD a profité de cette tragédie pour renforcer ses critiques contre la politique d'immigration du gouvernement. Le parti a souvent mis en avant les risques sécuritaires liés à l'accueil de réfugiés et a appelé à des mesures plus strictes.
Le gouvernement sous pression
Face aux critiques et à la pression croissante, le gouvernement d'Olaf Scholz a réagi en promettant une enquête approfondie. L'objectif est de comprendre les éventuelles failles dans le système de prévention et de sécurité qui ont pu permettre cette attaque.
Cette tragédie a non seulement endeuillé la période de Noël mais a également mis en lumière les tensions politiques et sociales autour des questions d'immigration et de sécurité en Allemagne.