Les autorités américaines ont expulsé plus de 270 000 personnes en un an, selon des estimations officielles publiées jeudi, quelques semaines avant le retour au pouvoir de Donald Trump. Le républicain menace de renvoyer des millions de migrants sans-papiers, une promesse qui suscite de vives inquiétudes du côté des ONG de défense des migrants.
Ce nombre d’expulsions – la dernière de l’ère Joe Biden – est le plus élevé de la dernière décennie, y compris lors de la première présidence Trump (2017-2021). La plupart des migrants contraints de quitter le territoire américain avaient traversé la frontière avec le Mexique de manière illégale, a assuré dans son rapport l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE). Environ un tiers d’entre eux avaient été inculpés ou condamnés par la justice «pour activité criminelle», précise le texte.
Un contexte politique tendu
Les chiffres et les promesses de Trump
Ces estimations couvrent la période allant de début octobre 2023 à fin septembre 2024, peu ou prou à l’époque de la campagne présidentielle. Donald Trump avait alors fait de la lutte contre l’immigration illégale son principal cheval de bataille. L’ancien magnat de l’immobilier a promis de procéder à la plus grande opération d’expulsion de l’histoire des États-Unis après son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, une menace qui suscite de vives inquiétudes du côté des ONG de défense des migrants.
Les défis logistiques et économiques
Cette promesse, qui s’appuie sur l’affirmation infondée que les migrants commettent plus de crimes que les citoyens américains, s’est avérée populaire auprès de l’électorat américain. En revanche, Donald Trump n’a pas précisé comment mettre en place une telle politique et des analyses suggèrent que ces opérations seraient coûteuses et difficiles à réaliser avec les effectifs actuels. «Chaque année, nos équipes font face à des défis gigantesques – mais chaque année, ils les relèvent», a déclaré le directeur adjoint d’ICE, Patrick Lechleitner.
L'impact des politiques migratoires
Les traversées illégales à la frontière américaine ont bondi avec l’arrivée au pouvoir du démocrate Joe Biden début 2021 mais ont nettement diminué cette dernière année, après le durcissement, par l’administration, de la procédure d’asile.
Environ 11 millions de personnes étaient sans-papiers aux États-Unis en 2022, d’après les estimations du Pew Research Center. Donald Trump et ses alliés pensent qu’ils sont en réalité bien plus nombreux. Beaucoup de migrants illégaux travaillent et paient des impôts aux États-Unis, souvent dans des emplois peu qualifiés.
Les détracteurs du futur président affirment que l’économie américaine pâtirait d’une expulsion massive de ces travailleurs sans-papiers, créant des pénuries de main-d’œuvre dans l’agriculture ou le monde du bâtiment par exemple. Des économistes estiment, quant à eux, que de telles pénuries pousseraient les prix à la hausse, menaçant ainsi l’autre promesse phare du candidat Trump: réduire l’inflation.
Les réactions des ONG et des experts
Les ONG de défense des migrants expriment de vives inquiétudes face aux promesses de Donald Trump. Elles craignent que des expulsions massives ne créent un climat de peur et d'insécurité parmi les communautés de migrants, déjà vulnérables. Les experts en politiques migratoires soulignent également les défis logistiques et économiques que représenteraient de telles opérations.
En conclusion, la question de l’immigration reste un sujet brûlant aux États-Unis, avec des enjeux politiques, économiques et sociaux considérables. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer la direction que prendra la politique migratoire du pays, sous l’impulsion de Donald Trump ou d’autres figures politiques.