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Quimper : 5 ans requis contre un faux infirmier accusé d'agressions


Un homme de 44 ans jugé pour agressions sexuelles et prélèvements sanguins illégaux sur 40 femmes pendant 20 ans. Verdict attendu en janvier 2026.

Quimper : 5 ans requis contre un faux infirmier accusé d'agressions

Le tribunal correctionnel de Quimper a examiné cette semaine le cas particulièrement troublant de Nicolas Gonidec, un homme de 44 ans poursuivi pour de multiples agressions sexuelles et exercice illégal de la profession d'infirmier. Le parquet a requis jeudi la peine maximale de cinq ans de prison ferme à l'encontre de cet individu décrit comme un manipulateur présentant une dangerosité patente. Le verdict sera rendu le 8 janvier 2026.

Cette affaire met en lumière un mode opératoire particulièrement insidieux, où l'accusé a exploité pendant plus de deux décennies la confiance de ses victimes en se faisant passer pour un professionnel de santé. Les faits révélés lors du procès témoignent d'une personnalité perverse qui a su instrumentaliser le cadre médical pour assouvir ses pulsions.

Un profil manipulateur aux multiples facettes

Le procureur Jean-Luc Lennon a dressé un portrait accablant de Nicolas Gonidec, ancien élu et entrepreneur qui inspirait confiance dans son entourage. "Tous les voyants sont au rouge", a déclaré le magistrat lors de ses réquisitions, insistant sur la nécessité d'une incarcération immédiate via un mandat de dépôt.

L'accusé présentait tous les attributs d'un homme de confiance n'éveillant pas les soupçons. Cette façade respectable lui a permis de pratiquer des prises de sang et injections illégales sur des dizaines de femmes entre 2015 et 2021. Le procureur a souligné que M. Gonidec usait "de machination, de stratagème" pour piéger ses victimes.

Une obsession pathologique pour les prélèvements sanguins

L'expertise psychiatrique présentée lors du procès a révélé la nature profondément perturbante des motivations de l'accusé. Selon l'experte, la prise de sang et la vaccination constituaient pour lui une source de plaisir et d'excitation sexuelle. Cette paraphilie, développée depuis l'âge de dix ans, a guidé l'ensemble de son comportement criminel.

Nicolas Gonidec prétextait la participation à de fausses études médicales pour entraîner ses victimes dans des actes qu'elles n'avaient pas souhaités. Au total, une quarantaine de femmes ont subi des prélèvements sanguins illégaux, parfois à une échelle qualifiée d'"industrielle" par Me David Pavec, avocat des victimes.

Les prélèvements réalisés atteignaient des proportions alarmantes, avec jusqu'à sept tubes de sang prélevés en une seule séance. L'avocat des parties civiles a évoqué une forme de "vampirisation", s'interrogeant sur la quantité totale de sang prélevé sur vingt ans d'activité criminelle.

Des agressions sexuelles sous couvert de protocoles médicaux

Au-delà des prélèvements sanguins illégaux, Nicolas Gonidec est accusé d'agressions sexuelles sur huit femmes. Il proposait à certaines de ses victimes des méthodes de relaxation prétendument thérapeutiques, impliquant des massages censés provoquer un "orgasme thérapeutique".

Les victimes ont témoigné avoir subi des attouchements non consentis, notamment :

  • Des caresses sur les seins
  • Des masturbations non désirées
  • Des manipulations présentées comme faisant partie d'un protocole médical

L'accusé a contesté la qualification d'agression sexuelle pour deux des plaignantes, et un non-lieu a été prononcé pour une autre. Son avocat, Me Yann Le Roux, a tenté de minimiser ces faits en soulignant que "seule une petite minorité de victimes" étaient concernées par des actes de nature sexuelle, l'obsession principale de son client étant les piqûres.

Un récidiviste malgré les condamnations antérieures

Le parcours judiciaire de Nicolas Gonidec révèle une incapacité à modifier son comportement malgré les sanctions. Dès 2001, il avait fait l'objet d'un rappel à la loi pour des piqûres illégales. Plus récemment, en octobre 2021, il a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour des faits similaires à ceux jugés à Quimper.

Cette condamnation aurait dû marquer un tournant, mais le procureur a révélé que l'accusé est actuellement sous le coup d'une nouvelle enquête ouverte par le parquet de Lorient. Plus troublant encore, Nicolas Gonidec a reconnu lors de l'audience avoir pratiqué des prises de sang sur sa nouvelle compagne, rencontrée en 2021, pour assouvir un "fantasme" dans un "cadre privé".

"Sa dernière condamnation n'a pas suffi à le faire changer de comportement : il va falloir le sanctionner plus sévèrement", a conclu le procureur Lennon, justifiant ainsi la demande de peine maximale et le mandat de dépôt.

Une défense en difficulté face à l'accumulation des preuves

Me Yann Le Roux, avocat de la défense, a tenté de plaider la clémence en soulignant que son client faisait preuve d'un "respect total" de son sursis probatoire. Il a également dénoncé une forme de condamnation médiatique, estimant que "l'opinion publique, qui condamne sans procès, l'a déjà condamné".

L'avocat a déploré une situation paradoxale : "Lorsqu'il conteste, on le lui reproche. Lorsqu'il reconnaît, on n'y croit pas". Cet argument peine toutefois à convaincre face à l'accumulation des témoignages et la reconnaissance par l'accusé de la plupart des faits qui lui sont reprochés.

Le procureur a insisté sur la dangerosité patente de Nicolas Gonidec et les risques élevés de récidive, éléments qui justifient selon lui une incarcération immédiate et une peine exemplaire pour protéger d'éventuelles futures victimes.

Le tribunal correctionnel de Quimper dispose désormais de tous les éléments pour rendre sa décision. Le jugement, attendu le 8 janvier 2026, déterminera si la peine maximale requise sera prononcée contre cet homme qui a exploité pendant plus de vingt ans la confiance de dizaines de femmes pour assouvir ses pulsions pathologiques.