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Le Royaume-Uni inflige une amende d'un million de livres à un site pornographique


AVS Group sanctionné pour vérification d'âge insuffisante sur 18 sites. L'Ofcom impose 72 heures pour se conformer à l'Online Safety Act.

Le Royaume-Uni inflige une amende d'un million de livres à un site pornographique

Le régulateur britannique des médias, l'Ofcom, vient de frapper fort en infligeant une sanction financière exemplaire à AVS Group, une société exploitant 18 sites pornographiques. Cette amende d'un million de livres sterling, soit environ 1,1 million de francs suisses, marque un tournant dans l'application de la législation britannique visant à protéger les mineurs des contenus en ligne inappropriés.

Cette décision historique s'inscrit dans le cadre de l'Online Safety Act, une loi adoptée en 2023 qui impose des obligations strictes aux plateformes numériques en matière de protection des enfants. Il s'agit de la sanction la plus lourde jamais infligée à une entreprise depuis l'entrée en vigueur de cette législation révolutionnaire.

Un système de vérification jugé insuffisant

Au cœur de cette affaire se trouve l'inefficacité du dispositif de contrôle d'âge mis en place par AVS Group. Bien que la société affirme avoir implémenté un système de vérification, l'Ofcom a clairement exprimé son désaccord avec cette approche. "Bien qu'AVS ait mis en place ce qu'il appelle une vérification de l'âge, nous ne considérons pas cette mesure comme suffisamment efficace", a déclaré le régulateur dans son communiqué officiel.

Cette position ferme du régulateur britannique souligne l'importance accordée à la protection effective des mineurs face aux contenus pornographiques en ligne. Les simples déclarations sur l'honneur ou les systèmes facilement contournables ne sont désormais plus acceptables aux yeux des autorités.

Un ultimatum strict de 72 heures

L'Ofcom ne s'est pas contenté d'infliger une amende. Le régulateur a également imposé à AVS Group un délai extrêmement court pour se conformer aux exigences légales. La société dispose de 72 heures seulement pour mettre en place un système approprié de vérification d'âge sur l'ensemble de ses plateformes.

En cas de non-respect de cet ultimatum, AVS Group s'expose à des sanctions financières quotidiennes de 1000 livres sterling, soit environ 1050 euros par jour. Cette pénalité journalière vise à exercer une pression constante sur l'entreprise pour qu'elle agisse rapidement et efficacement.

Des sanctions supplémentaires pour manquement administratif

Outre l'amende principale, AVS Group doit également s'acquitter d'une amende complémentaire de 50'000 livres sterling, soit environ 53'400 francs suisses. Cette sanction additionnelle sanctionne le refus ou l'incapacité de l'entreprise à répondre à une demande d'information formulée par l'Ofcom dans le cadre de son enquête.

Ce manquement administratif aggrave la situation de la société et démontre une apparente résistance ou négligence face aux demandes légitimes du régulateur britannique.

Le cadre légal de l'Online Safety Act

Depuis le 25 juillet dernier, les sites web, réseaux sociaux et plateformes de partage de vidéos opérant au Royaume-Uni sont tenus de mettre en œuvre des contrôles stricts de l'âge. Ces mesures visent spécifiquement à empêcher les mineurs d'accéder à des contenus pornographiques et autres matériels inappropriés.

L'Online Safety Act représente l'une des législations les plus ambitieuses au monde en matière de régulation des contenus en ligne. Elle établit un cadre juridique complet pour responsabiliser les plateformes numériques et les obliger à prendre des mesures concrètes pour protéger les utilisateurs vulnérables, en particulier les enfants.

Des sanctions financières dissuasives

Le système de sanctions prévu par la loi britannique se veut particulièrement dissuasif. Les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations s'exposent à des amendes pouvant atteindre 18 millions de livres sterling, soit plus de 20 millions de francs suisses. Toutefois, si le chiffre d'affaires mondial de l'entreprise le justifie, l'amende peut s'élever jusqu'à 10% de ce montant global.

Cette approche à deux niveaux garantit que même les géants technologiques disposant de ressources considérables ne peuvent pas simplement considérer les amendes comme un coût d'exploitation acceptable. Les sanctions sont proportionnées à la taille et aux capacités financières de chaque entreprise.

Le pouvoir de blocage des sites récalcitrants

Dans les situations les plus graves, l'Ofcom dispose d'une arme ultime : la possibilité de saisir la justice pour bloquer l'accès au site ou à la plateforme concernée depuis le territoire britannique. Cette mesure radicale constitue une menace existentielle pour les entreprises dont le modèle économique repose sur l'accès au marché britannique.

Ce pouvoir de blocage démontre la détermination des autorités britanniques à faire respecter la loi, même si cela signifie rendre certains services totalement inaccessibles aux utilisateurs britanniques.

Une enquête plus large en cours

Le cas d'AVS Group n'est que la partie émergée de l'iceberg. Suite à l'entrée en vigueur des nouvelles règles en juillet dernier, l'Ofcom a lancé une enquête d'envergure portant sur 34 sites et plateformes pornographiques, incluant ceux exploités par AVS Group.

Cette investigation se poursuit actuellement, comme l'a précisé le régulateur dans son communiqué. D'autres sanctions pourraient donc être annoncées dans les semaines ou mois à venir si d'autres opérateurs sont jugés non-conformes aux exigences légales.

Au-delà de la pornographie : une protection globale

L'Online Safety Act ne se limite pas à la question des contenus pornographiques. La législation impose également des obligations aux plateformes pour protéger les enfants d'autres types de contenus potentiellement dangereux, notamment :

  • Les contenus favorisant les troubles alimentaires comme l'anorexie ou la boulimie
  • Les contenus encourageant les idées suicidaires ou romantisant le suicide
  • Les contenus promouvant l'automutilation sous toutes ses formes

Cette approche globale reconnaît que les dangers en ligne pour les jeunes ne se limitent pas aux contenus sexuellement explicites, mais englobent un éventail plus large de matériels potentiellement préjudiciables à leur développement et à leur santé mentale.

L'amende infligée à AVS Group constitue un signal fort envoyé à l'ensemble de l'industrie numérique : la protection des enfants en ligne n'est plus une option, mais une obligation légale dont le non-respect entraîne des conséquences financières et opérationnelles sévères. Cette affaire pourrait bien servir de précédent et encourager d'autres pays à adopter des législations similaires pour mieux protéger les mineurs dans l'environnement numérique.